méthode et principes de la théorie de l'acteur réseau
Par Eric Collias le vendredi 6 mai 2016, 13:21 - ecographe - Lien permanent
blog d'Éric Collias, professionnel en écologie et sciences humaines appliquées à l'aménagement, intervenant an sein du master Espaces Ruraux et PériUrbanisation (ERPUR) de l'UFR Sciences de la Vie et de l'Environnement de l'Université de Rennes 1
Par Eric Collias le vendredi 6 mai 2016, 13:21 - ecographe - Lien permanent
Le point de vue théorique et méthodologique défendu peut être résumé en six affirmations :
1. il faut analyser la science et la technique en train de se faire, plutôt qu’une fois faites ;
2. ce qu’on découvre depuis cette perspective ce sont des stratégies d’acteurs : celles d’hommes de science et d’ingénieurs qui construisent des boîtes noires - faits scientifiques ou machines - donnant l’illusion d’exister comme réalités autonomes, d’avoir une stabilité et de se répandre par elles-mêmes en vertu d’une sorte d’énergie interne ;
3. la construction de telles boîtes noires consiste en des
opérations de liaison et d’assemblage, de constitution et de
stabilisation de réseaux, d’affaiblissement et de renforcement des
multiples associations dont ces réseaux sont faits ;
elle est sociale dans la mesure où elle instaure, conforte et stabilise des liens ;
4. la distinction qui est habituellement établie entre science et technique ne tient pas, car dans un cas comme dans l’autre on a fondamentalement affaire aux mêmes processus et aux mêmes opérations ; il s’agit d’un seul phénomène qu’on peut appeler "technoscience" ;
5. le lien social étant dans la machine, et vice versa, il n’y a plus lieu de maintenir la distinction habituelle entre l’objet technique et le monde social - ce ne sont là que deux fictions corrélatives - ni de concevoir l’innovation comme émergence et diffusion dans un milieu socioculturel, à consistance propre, de quelque chose qui serait en soi dépourvu de socialité et de culture ;
6. l’innovation n’est rien d’autre qu’un processus de construction de chaînes d’associations et d’organisation de réseaux stables par des machinations, par des opérations d’enrôlement et de contrôle qui masquent leur véritable nature de domination.
Quéré Louis. Les boîtes noires de Bruno Latour ou le lien social dans la machine. In: Réseaux, 1989, volume 7 n°36. pp. 95- 117.
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