"Ce modèle simplifié de représentation statistique d’un discours [Alceste] suffit à mettre en évidence, du moins dans l’analyse de certains corpus, une tendance du vocabulaire à se distribuer dans des mondes lexicaux stabilisés... Cela nous a conduit à rechercher les contenus ailleurs que dans les textes... Nous avons dû quitter l’approche des textes, conçue comme supportant des représentations, pour une approche des textes en termes de traces d’activité, traces de discours possible. Nous ne disons pas que ces traces ne permettent pas de se représenter, mais elles « représentent » aussi comme les traces de toute activité humaine." (Reinert, 2008)

"Dans  l’activité  langagière,  les  mots  pleins  constituent,  selon  nos  hypothèses,  des  traces  possibles des  contenus  de  nos  activités.  Ils  ne  sont  pas  les  signifiants  mais  bien des  traces possibles  de  ce  contenu  en  acte. Bien sûr, il existe des dictionnaires, dont on ne doit pas oublier qu’ils ne signifient rien sans un usage. Si les mots appartiennent à un bien commun, c’est d’abord par leur matérialité, c’est-à-dire dans la mesure où ils s’intègrent aux activités et usages d’une époque, d’un lieu, d’une population ; ils ne sont jamais seuls, aussi les contenus de ces usages impliquent-ils toujours des constellations de mots et de marques de toutes sortes. Les mots pleins ont cependant la faculté de susciter des contenus en tant qu’ils stabilisent nos visions du monde, mais le contenu n’est pas dans le mot ; il est dans l’acte, dont le mot est une trace. " (Reinert, 2008)

"De ce fait, le tableau de données ne reflète plus un monde d 'objets mais un monde d'usages de ces objets dont les aspects insistants marquent à la fois des centres de stabilisation des objets et des pôles de tension entre sujets." (Reinert, 1999)

Reinert, M. (2008). Mondes lexicaux stabilisés et analyse statistique de discours. Actes de la JADT 2008, 981-993.
Reinert, M. (1999). Quelques interrogations à propos de l'"objet" d'une analyse de discours de type statistique et de la réponse "Alceste". Langage et société, 90(1), 57-70.


"The universe of discourse which deals simply with the highest abstractions opens the door for the interrelationship of the different groups in their different characters. The universe of discourse within which people can express themselves makes possible the bringing-together of those organized attitudes which represent the life of these different communities into such relationship that they can lead to a higher organization. The very universality of the processes which belong to human society, whether looked at from the point of view of religion or trading or logical thinking, at least opens the door to a universal society; and, in fact, these tendencies all express themselves where the social development has gone far enough to make it possible."
George Herbert Mead. "Democracy and Universality in Society", Section 36 in Mind Self and Society from the Standpoint of a Social Behaviorist (Edited by Charles W. Morris). Chicago: University of Chicago (1934): 281-289 .

"Discourses here, then, mean these assemblages of language, motive, and meaning, moving toward mutually understood modus vivendi—ways of (inter)acting."
Clarke, A. E., & Star, S. L. (2008). The social worlds framework: A theory/methods package. The Handbook of Science & Technology Studies, 3, 113-137.


"Quoique l'idée de mondes sociaux puisse essentiellement renvoyer à des univers de discours, nous devrions être attentifs à ne pas nous confiner à la simple observation des formes de communication, de symbolisation et d'univers de discours mais aussi à examiner des faits palpables comme des activités, des appartenances, des sites, des technologies et des organisations spécifiques à des mondes sociaux particuliers"
Strauss, A. (1978). A social world perspective. Studies in symbolic interaction, 1(1), 119-128.


De son côté, Howard Becker (1982) définit le monde social comme "le réseau de tous ceux dont les activités, coordonnées grâce à une connaissance commune des moyens conventionnels de travail, concourent à la production des œuvres".
En 2006 il dit :
"Un « monde », tel que je l'entends [...] consiste en des gens réels qui essaient de faire des choses, en grande partie en préparant les autres personnes à faire des choses qui vont leur être utiles dans leur projet. Tout le monde a un projet et le résultat des négociations entre eux n'est rien d'autre que ce sur quoi ils finissent par tous tomber d'accord, chaque personne impliquée dans de telles activités devant prendre en compte la façon dont les autres répondent à ses propres actions."


Becker, H. S. (1982). Art worlds. Univ of California Press.
Becker H.S. et Pessin A., 2006.Dialogue sur les notions de Monde et de Champ. Sociologie de l'Art 2006/1 (OPuS 8), p. 163-180.