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mercredi 28 juin 2017

pensée sylvestre

Pour écouter les insectes
Pour écouter les humains nous ne mettons pas
Les mêmes oreilles


Wafû



Au-delà des humains, l'anthropologie de la forêt…avec Eduardo Kohn, France Culture 2017 05 28

16’30 question d’Aurélie Luneau : « les animaux et les plantes sont des sois qui pensent et qui nous amènent à penser autrement ? » : « c'est exactement cela »

16’49 « l’idée du livre et le titre « comment pensent les forêts », explique qu’il existe une autre forme de pensée plus grande que la notre qui comporte le mode de pensée humaine, c’est un point important dans mon ouvrage, je veux étendre la notion de la pensée, c’est une forme de pensée qui n’est pas consciente, qui n’est pas limitée par la langue ou par la culture »

17’09 « et c’est une forme de pensée que nous devons aborder à nouveau au moment où nous sommes confrontés à cette période de catastrophe écologique »

21’06 « lorsque je dis « la forêt pense », je ne dis pas que c’est la version Runa de la façon dont la forêt pense, je dis les forêts pensent, et nous pouvons penser avec elles, voilà le genre d’animisme qui m’intéresse »

23’29 « la question n’est pas tant de savoir ce à quoi pense la forêt, mais comment la forêt pense ; la pensée sylvestre est une forme de pensée, caractérisée par un certain style, une certaine forme ; habituellement, quand on considère la pensée chez l’homme, on pense aux mots, les mots sont des moyens de représenter le monde ; le mot, en tant que signe, réfère en premier lieu à d’autres signes dans un système de conventions symboliques de signifiants et de signifiés ; ce n’est qu’alors que cette référence est établie, de manière circulaire, que l’on peut s’intéresser au monde et s’expliquer dans le monde

24’39 « la sorte de pensée que la forêt produit, comme toute autre forme d’être vivant, quand il ne parle pas, est une forme de pensée différente, là les signes sont différents ; ces signes sont comme les éléments qu’ils représentent, et ils s’indiquent les uns les autres, ils se montrent les uns les autres, mais il n’y a pas ce système plus indirect que je viens de décrire »

24’53 « une des choses les plus intéressantes dans les peuples de l’Amazone, c’est qu’ils ont une forme de parler, les gens de l’Amazone comme tous les être humains sont des êtres symboliques, ils n’ont rien de différent, mais vraiment rien de différent quand à leurs capacités langagières, ou l’intérêt qu’ils portent à la langue ; mais ils se déplacent dans des espaces où cette forme de pensée n’est pas la principale »

25’24 « par exemple, ils ont une forme extrêmement développée d’usage de choses qui sont un petit peu comme des mots, je met cela entre guillemets, ce sont des éléments qui ne font pas partie du langage, […] des onomatopées ; on se dit c’est enfantin, mais c’est particulièrement sophistiqué en Amazone, ça permet certaines formes de pensée comme celle de la forêt ; par exemple une personne de l’Amazone peut décrire une chasse où un cochon est abattu, blessé, et courre vers une rivière et « tsupu » : qu’est-ce que ça veut dire ce mot là ? et bien la chose drôle est que la plupart d’entre vous et des auditeurs ne connaissent pas le quechua, mais quand je vais vous dire ce que ça veux dire,

« tsupu » ça veut dire ceci : c’est une entité qui entre en contact avec de l’eau et qui plonge sous l’eau, voyez, et immédiatement vous dites « ha ha », évidemment

donc, qu’est-ce qu’il y a de si particulier dans cette forme de pensée, parce qu’à l’intérieur de vous, bien que vous ne soyez pas ce cette culture, vous avez compris, vous vous êtes approprié ça, vous l’avez ressenti, immédiatement »

27’14 « c’est ça la différence entre une pensée symbolique où vous devez avoir une connaissance de ces mots et de la grammaire, et cependant vous pouvez ressentir cela mais vous « tsupu », vous pouvez le ressentir aussi, voilà le genre de pensée  qu’est la pensée sylvestre, elle est à l’intérieur de vous »

30’41« l’ayahuasca est une drogue psychédélique, revenons à l’étymologie grecque du mot psychédélique, cela manifeste l’esprit, et ce que produit cette drogue, c’est qu’elle permet à l’esprit de manifester comme une qualité de l’univers ; alors on amène cela dans la forêt, et la forêt est un environnement si dense, si plein de pensée, que ces qualités d’esprit de la forêt se manifestent aussi, donc il est en train de communiquer avec les esprits de la forêt, donc voilà c’est cela la vie de la forêt » 

32’05 « nous appartenons tous au même monde, il ne s’agit pas de systèmes de croyance différents, nous devons tous apprendre à nouveau à penser comme des forêts, non pas simplement en nous rendant en Amazonie, nous avons cela en nous ; mais l’Amazonie est une région qui comprend des strates très complexes de pensée et tout cela se manifeste tout particulièrement là-bas en Amazonie, donc c’est psychédélique en soi »


39’50 « la pensée sylvestre nous l’avons en nous, il faut être à l’écoute ; c’est aussi simple que de s’affranchir de son téléphone portable, que d’essayer de se rappeler nos rêves, marcher dans la forêt, méditer, voilà des activités qui encouragent la pensée sylvestre, jouer avec des enfants, s’occuper d’animaux de compagnie ; ce n’est pas quelque chose qui est seulement en Amazonie, et pourtant le défi est grand, il faut trouver des espaces où la pensée sylvestre peut continuer à prospérer »

https://www.franceculture.fr/emissions/de-cause-effets-le-magazine-de-lenvironnement/au-dela-des-humains-lanthropologie-de-la


mercredi 9 juin 2010

Poetry



One reason why poetry is important for finding out about the world is because in poetry a set of relationships get mapped onto a level of diversity in us that we don’t ordinarily have access to. We bring it out in poetry. We can give to each other in poetry the access to a set of relationships in the other person and in the world that we’re not usually conscious of in ourselves. So we need poetry as knowledge about the world and about ourselves, because of this mapping from complexity to complexity.

Gregory Bateson, Our Own Metaphor