Architecture of the wood‐wide web: Rhizopogon spp. genets link multiple Douglas‐fir cohorts

Spatially explicit network model showing linkages between interior Douglas‐fir trees via shared colonization by Rhizopogon vesiculosus and Rhizopogon vinicolor genets. Circles represent tree nodes, sized according to the tree’s diameter, and coloured with four different shades of yellow or green that increase in darkness with increasing age class. Lines represent the Euclidean distances between trees that are linked. Line width increases with the number of links between tree pairs (i.e. repeated links through multiple fungal genets). An arrow points to the most highly connected tree, which was linked to 47 other trees through eight R. vesiculosus genets and three R. vinicolor genets inside the plot. Some tree nodes and their links may be obscured by overlapping features.

Explication de Suzanne Simard lors d'un Ted talk (2016) :
"Comme tout réseau, les réseau mycorhiziens ont des nœuds et des liaisons. Nous avons créé cette carte en examinant les courtes séquences d'ADN de chaque arbre et chaque champignon dans une parcelle de forêt où il y a des pins de Douglas. Dans ce schéma, les cercles représentent les pin de Douglas, ou les nœuds, et les lignes représentent les interconnexions fongiques, ou les liaisons.

Les nœuds les plus gros et les plus foncés sont les plus importants. Nous les appelons arbres concentrateurs, ou, plus affectueusement, les arbres mères car ces arbres concentrateurs nourrissent les jeunes arbres, ceux qui poussent dans les sous-bois. Si vous voyez ces points jaunes, ce sont les jeunes plants qui se sont installés dans le réseau des vieux arbres mères. Dans une forêt, un arbre mère peut être connecté à des centaines d'arbres. Grâce à nos traceurs isotopes, nous savons que les arbres mères envoient leur excès de carbone aux plus petits plants via le réseau mycorhizien. Nous estimons que cela augmente les chances de survie des plants par quatre.

Nous favorisons tous nos propres enfants, et je me suis demandé si le pin de Douglas reconnaissait les siens, comme la mère grizzly et ses petits. Nous avons mis en place une expérience et avons cultivé des arbres mères avec des plants de la même espèce et d'autres espèces. Il s'avère qu'ils reconnaissent les leurs. Les mères arbres colonisent les leurs avec des réseaux mycorhiziens plus grands. Ils leur envoient plus de carbone via le sous-sol. En terme de racines, ils réduisent même la compétition pour laisser de l'espace vital à leurs enfants. Quand les arbres mères sont blessés ou mourants, ils envoient des messages de sagesse à la nouvelle génération de plants. Le traçage par isotope a permis de tracer le déplacement du carbone d'un arbre mère blessé le long de son tronc, vers le réseau mycorhizien et vers les jeunes plants alentour, pas seulement le carbone mais aussi les signaux de défense. Ces deux composants ont augmenté la résistance des jeunes plants aux stress futurs. Les arbres se parlent !
Au travers de conversations bidirectionnelles, ils augmentent la résistance de toute la communauté. Cela vous rappelle probablement nos propres communautés sociales et nos familles, enfin au moins certaines.

Les forêts ne sont pas juste un ensemble d'arbres, ce sont des systèmes complexes avec des hubs et des réseaux qui se chevauchent, connectent les arbres et leur permettent de communiquer, leur fournissent des voies de rétroaction et d'adaptation et c'est cela qui rend la forêt robuste : le grand nombre d'arbres concentrateurs et de réseaux se chevauchant. Mais elles sont aussi vulnérables, vulnérables non seulement aux perturbations naturelles comme les dendroctones qui préfèrent attaquer les gros arbres mais aussi l'exploitation forestière et les coupes claires. Vous pouvez ôter un ou deux arbres concentrateurs mais il y a une limite à respecter car les arbres concentrateurs ressemblent aux rivets d'un avion : vous pouvez en enlever un ou deux et l'avion continuera de voler, mais si vous en enlevez un de trop ou celui qui maintient les ailes, tout le système s'effondre."


Beiler, K.J., Durall, D.M., Simard, S.W., Maxwell, S.A., Kretzer, A.M., 2010. Architecture of the wood-wide web: Rhizopogon spp. genets link multiple Douglas-fir cohorts. New Phytologist 185, 543–553.

Simard Suzanne,2016. Ted talk : https://www.ted.com/talks/suzanne_simard_how_trees_talk_to_each_other?language=fr
(Translated by Morgane Quilfen, Reviewed by Amélie Montagne)