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samedi 4 novembre 2017

bergerie urbaine


SideWays #9 - La bergerie des Malassis rumine la ville ! (93) from Side Ways on Vimeo.

Episode 9 de la websérie SideWays, Enquête d’un autre monde !
Découvrez également l’article multimédia pour en savoir plus sur la bergerie : side-ways.net/episode9
---> Sous-titres disponibles en français, anglais et allemand.

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Des chèvres à quelques minutes du périphérique parisien, ça interpelle. Mais plus intéressante encore est la philosophie des membres de l’association de la bergerie des Malassis : entre réappropriation de la ville, actions concrètes et vie de quartier.

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La websérie SideWays, ce sont des films indépendants et libres de droit. Découvrez notre fonctionnement et notre modèle de financement alternatif et participez à l’enrichissement de la série : http://side-ways.net

mode de prise versus point de vue

Ophrys guêpe
Sydenham Edwards (1768-1819)  — "The botanical register" vol. 3 pl. 205

"Le monde n’est pas ce qui garantit une convergence des points de vue mais ce que produit l’opération politique de composition et d’articulation des modes de prise. "

"Ce qui ne va pas, avec le point de vue, est que le terme implique que l’on peut en changer plus ou moins librement (à moins d’entrer dans une philosophie du point de vue où le sujet survient là où est le point de vue). Le mode de prise, en revanche co-définit ce qui prend et ce qui est pris. Un dispositif expérimental définit en même temps le praticien qui l’utilisera de manière compétente, voire inventive, et ce qui sera, le cas échéant, décrit comme «objet». On peut également mettre l’accent sur le devenir qui fait du praticien l’« appareil phonatoire » du non humain (Latour dans ses Politiques de la nature), ou encore, avec Deleuze, parler de « double capture » et d’« agencement » (Gilles Deleuze et Claire Parnet, op. cit., p. 8-9, p.65-68 – et passim).

Stengers, I., 2002. Un engagement pour le possible. Cosmopolitiques, 1, 27-36.

"La capture détermine le mode par lequel des individus (biologiques, sociaux, noétiques) entrent dans des rapports variables qui les transforment. L'exemple princeps en est la symbiose qui lie la guêpe et l'orchidée (…): la série animale (guêpe) « captée » par l'apparence de l'orchidée, assure la fonction d'organe reproducteur pour la série végétale"

Deleuze, G., 1980. Mille plateaux, p. 17

mercredi 21 décembre 2016

déplier le marteau



"Qu’est-ce qui est plié dans l’action technique? Le temps, l’espace et le type d’actants. Le marteau que je trouve sur mon atelier n’est pas contemporain de mon action d’aujourd’hui: il garde plissés les temps hétérogènes dont l’un a l’ancienneté de la planète, à cause du minerai qui a servi à le fondre, dont l’autre à l’âge du chêne qui a donné le manche, et dont un autre encore renvoie aux dix années passées depuis qu’il est sorti de l’usine allemande qui l’a mise sur le marché. Quand je saisis le manche, j’insère mon geste dans ‘un bouquet de temps’, selon l’expression de Michel Serres, qui me permet de m’insérer moi-même dans des temporalités variées, dans des différentiels de temps, ce qui explique (ou plutôt implique) la solidité relative souvent associée à l’action technique. Ce qui est vrai du temps l’est aussi de l’espace, car cet humble marteau maintient en place des lieux tout à fait hétérogènes et que rien, avant l’acte technique, ne permettait de rassembler: les forêts d’Ardennes, les mines de la Ruhr, l’usine allemande, le camion d’outillage qui propose des discounts chaque mercredi sur les routes du Bourbonnais pour finir par cet atelier d’un bricoleur du dimanche particulièrement maladroit. Toute technique ressemble à ce que les surréalistes appelaient un ‘cadavre exquis’. Si nous devions, par intention pédagogique, inverser le mouvement du film dont ce marteau n’est que la terminaison, nous devrions déployer des temps lointains et des espaces dispersés, toujours plus nombreux: l’ampleur, la dimension, la surprise des connections aujourd’hui invisibles qui seraient alors rendues manifestes, nous donneraient par contraste l’exacte mesure de ce que ce marteau, aujourd’hui, fait. Rien de moins local, de moins contemporain, de moins brutal qu’un marteau, dès que l’on se met à déplier ce qu’il agence; rien de plus local, brutal et durable que ce même marteau, dès qu’on replie tout ce qu’il a impliqué."
Latour, B. (2000). La fin des moyens. Réseaux, 18(100), 39-58.

jeudi 29 septembre 2016

recadrer ou cadrer ?

dans le domaine de la psychologie du courant de Palo Alto, le recadrage est une méthode pour induire un changement de perspective de l'interlocuteur vis-à-vis d'une situation ou d'un évènement particuliers, en faisant apparaître des relations qui transforment le sens que cet interlocuteur donne à cette situation ou évènement.

"Recadrer signifie modifier le contexte conceptuel et/ou émotionnel d'une situation, ou le point de vue selon lequel elle est vécue, en la plaçant dans un autre cadre, qui correspond aussi bien, ou même mieux, aux "faits" de cette situation concrète, dont le sens, par conséquent, change complètement.../... Ce qu'on modifie en recadrant, c'est le sens accordé à la situation, pas ses éléments concrets - ou, selon la sentence du philosophe Épictète (premier siècle de notre ère) : «Ce ne sont pas les choses qui troublent les hommes, mais l'opinion qu'ils en ont.»"

"En termes très abstraits, recadrer signifie faire porter l’attention sur une autre appartenance de classe tout aussi pertinente d’un même objet, ou surtout introduire cette nouvelle appartenance  de classe dans le système conceptuel des personnes concernées"

Watzlawick, P., Weakland, J. H., Fisch, R., & Furlan, P. (1975). Changements: paradoxes et psychothérapie. Ed. du Seuil.

chez Mermet, le recadrage est un outil stratégique du changement et s'effectue en quatre étapes essentielles

"1/Appuyer l’analyse du système d’action lié à un problème d’environnement sur une définition préalable, en termes écologiques, de l’objet environnemental à prendre  en  compte  et  des  objectifs  poursuivis.[…]

2/Prendre en compte, dans le diagnostic de la gestion de cet objet environnemental, l’ensemble des actions anthropiques qui, consciemment ou non, intentionnellement ou non, ont une influence déterminante sur ses qualités : c’est cet ensemble que l’on définit comme la «gestion effective ».[…]

3/Apporter une attention centrale aux acteurs qui ont pour  mission  principale  de  provoquer  des  changements appropriés de la gestion effective de l’objet écologique : ce sont les « acteurs d’environnement », opérateurs de la « gestion intentionnelle » […]

4/Replacer ces analyses dans la perspective dynamique d’un  système  de  gestion  qui  change  et  se  structure au  fil du  temps sous  l’effet structurant  des conflits,…"

Mermet, L., Billé, R., Leroy, M., Narcy, J. B., & Poux, X. (2005). L'analyse stratégique de la gestion environnementale: un cadre théorique pour penser l'efficacité en matière d'environnement. Natures sciences sociétés, 13(2), 127-137

chez Callon, le terme de cadrage (notamment au sein du marché) décrit le travail de démêler un élément de son contexte afin de le marchandiser :
(ici, le cadre est proche du "frame" de la sociologie d'Erwing  Goffman)

"Le cadre établit une frontière à l'intérieur de laquelle se déroulent, de manière relativement indépendante du contexte, des interactions, dont la signification et le contenu s'imposent comme une évidence aux protagonistes.
Goffman souligne la double nature du cadrage. Il suppose évidemment des acteurs qui mobilisent des ressources cognitives ainsi que des formes de comportements et de stratégies qui ont été structurés par des expériences antérieures : les acteurs sont capables de se mettre d'accord (cet accord n'ayant évidemment pas besoin d'être explicite) sur le cadre dans lequel leurs interactions vont se dérouler et sur les cours d'action possibles. Mais ce cadrage ne prend pas seulement appui sur les engagements des acteurs ; il s'ancre dans le monde extérieur, dans divers dispositifs matériels et organisationnels. C'est pourquoi le cadrage met entre parenthèses le monde extérieur mais sans pour autant abolir toute connexion avec lui. "

"La notion de cadrage désigne cette possibilité de clôture : on règle entre soi, que l'on soit deux ou mille, que l'on communique par les prix ou que l'on prenne la parole pour négocier des contrats, les problèmes d'affectation des ressources ou de transferts de propriété tout en établissant une frontière momentanément imperméable avec le reste du monde"

CALLON, M. (1999). La sociologie peut-elle enrichir l'analyse économique des externalités? Essai sur la notion de débordement. D. Foray, J. Mairesse, Innovations et performances. Approches interdisciplinaires, Paris, Éditions de lřécole des hautes études en sciences sociales.



Le cadre chez Goffman est emprunté, comme chez Watzlawick, à Bateson : « Nous nous servirons abondamment du terme de "cadre" tel que l'entend Bateson. Je soutiens que toute définition de situation est construite selon des principes d'organisation qui structurent les événements – du moins ceux qui ont un caractère social – et notre propre engagement subjectif. Le terme de "cadre" désigne ces éléments de base »

Goffman E., 1991. Les cadres de l'expérience, Paris, Ed. de Minuit.

Chez Latour, le cadre est constitué par les acteurs non-humains :

"C'est seulement en l'isolant par un cadre que l'agent peut interagir avec un autre agent, face à face, en laissant au-dehors de ce cadre le reste de leur histoire ainsi que leurs autres partenaires. L'existence même d'une interaction suppose une réduction, une partition préalable. Or comment expliquer l'existence de ces cadres, de ces partitions, de ces réductions, de ces recoins, de ces portes coupe-feu qui évitent la contagion du social ? Les interactionnistes sont muets sur ce point et se contentent d'utiliser métaphoriquement le mot "cadre".
[...]
Dans leurs interactions,les singes n'engagent presque jamais d'objets. Chez les humains, il est presque impossible de reconnaître une interaction qui ne ferait pas appel à une technique. Chez les singes, l'interaction peut proliférer, appelant à la rescousse, de proche en proche, l'ensemble de la troupe. Chez les humains, l'interaction est le plus souvent localisée, cadrée, tenue. Par quoi ? Par le cadre justement, constitué d'acteurs qui ne sont pas humains. Faut-il faire appel à la détermination par les forces matérielles ou à la puissance de la structure pour aller de l'interaction à son cadre ? Non, nous nous transportons simplement aux lieux et aux temps de la conception du cadre.
[...]
Chez les humains, en revanche,on localise activement une interaction par un ensemble de partitions,de cadres,de paravents, de coupe-feu, qui permettent de passer d'une situation complexe à une situation seulement compliquée. Un exemple banal fera comprendre cette évidence.Pendant que je suis au guichet pour acheter des timbres-poste et que je parle dans l' hygiaphone, je n'ai sur le dos ni ma famille, ni mes collègues, ni mes chefs ; la guichetière, Dieu merci, ne me fatigue pas non plus avec sa belle-mère,ni avec les dents de ses poupons. Cette heureuse canalisation, un babouin ne pourrait se la permettre puisque, dans chaque interaction, tous les autres peuvent intervenir."

Latour, B. (1994). Une sociologie sans objet ? Remarques sur l'interobjectivité. Sociologie du travail, 587-607.


vendredi 5 août 2016

normalisation

Callon, M., & Rip, A. (1992). Humains, non-humains: morale d’une coexistence.

jeudi 5 mai 2016

énoncé # fait # controverse

Énoncé
1) Un énoncé ne se déplace jamais par lui-même d'un locuteur à un autre, il n'y a pas de force d'inertie qui expliquerait son mouvement.
2) Pour cette raison, le sort d'un énoncé est donc entièrement entre les mains des autres locuteurs qu'il doit intéresser ; sa destinée est, par définition, collective ; vous pouvez avoir prouvé sans conteste que la lune est un fromage, cet énoncé ne sera fait que si d'autres le répètent et le croient.
3) A cause de 1) et de 2), chaque locuteur se saisira d'un énoncé pour des raisons qui lui seront propres ; il agit comme un multi-conducteur : il peut être indifférent, hostile, il peut trahir l'énoncé, l'incorporer avec un autre, le déformer de toutes sortes de façon ou même, dans certains cas, le passer à un autre sans discussion.
4) A cause de cette traduction continue, l'énoncé va changer en passant de main en main ; chaque fois qu'il sera transféré il sera transformé et, selon toute probabilité, il sera difficile de lui attribuer un auteur bien identifié.
5) Si l'on part de cette situation agonistique, il est possible de définir, dans l'ensemble des jeux de langages, - le cas le plus rare : celui d'un énoncé cru par chaque membre du collectif sans autre dispute, et passé de main en main sans autre déformation ; - cas encore plus rare : le propriétaire de cet énoncé stable et répandu reste bien identifié et est reconnu comme tel par tout le monde : «Crick et Watson ont découvert que l'ADN avait la forme d'une double hélice. »

Fait : énoncé qui est répété par quelqu'un d'autre sans qualification pour être utilisé sans contestation comme prémisse d'un raisonnement. Selon les rapports de force, un énoncé devient un fait ou une fiction. (Latour, 1985)

Fait mou : se négocie aisément

Fait dur : énoncé accompagné de tellement d'éléments qu'il est impossible à déformer.

Controverse : lutte pour savoir celui qui est capable de rassembler en un point le plus grand nombre d'alliés fidèles et disciplinés. Si vous souhaitez convaincre un grand nombre de gens de choses inhabituelles, vous qui devez d'abord sortir de vos habituels chemins; vous reviendrez, accompagnés d'un grand nombre d'alliés imprévus et nouveaux, et vous convaincrez, c'est-à-dire que vous vaincrez tous ensemble. Encore faut- il que vous soyez capables de revenir avec les choses. Si vous en êtes incapables, vos mouvements seront perdus. Il faut donc que les choses puissent supporter le voyage sans se corrompre. Il faut aussi que toutes ces choses puissent être présentées à ceux que vous souhaitez convaincre et qui n'ont pas été là bas. Pour résumer, il faut que vous inventiez des objets qui soient mobiles, immuables, présentables, lisibles et combinables. (Latour, 1985)

Latour Bruno 1985, Les « vues » de l'esprit, Culture Technique, 14. 4-29.

lundi 21 mars 2016

verrouillage socio-technique

Kemp (1994) et Geels (2002) proposent un modèle  explicatif,    à    trois  niveaux    d’emboîtement.  

Le    paysage    (landscape)    représente    le niveau    supérieur    constitué    par    les    institutions, les normes sociales, politiques et culturelles qui guident    le    système    socio-technique    existant.  

Le régime    socio-technique    représente    le    niveau intermédiaire où se produisent les interactions entre ces institutions et ces normes du niveau supérieur    et    les    acteurs.    Ces    interactions    génèrent les règles et procédures    de    régulation du régime socio-technique dominant.   

Les niches représentent le niveau inférieur où se créent et s’organisent les innovations radicales ; le régime socio-technique dominant produisant, quant à lui, des innovations incrémentales par intégration de nouveaux composants ou de nouveaux liens entre les différents composants

les trois principaux mécanismes d’auto-renforcement (Fares & al., 2012)

• les rendements croissants à l’adoption qui sont le résultat de deux catégories d’effets interdépendants, les effets de réseaux et d’apprentissage : 

-Les effets de réseaux contribuent à renforcer la valeur d’usage d’un produit ou d’une technologie en lien avec l’augmentation du nombre d’utilisateurs,

-en renforçant leur expérience, ces utilisateurs sont prescripteurs d’usage,  et transmetteurs de savoirs pertinents

• la compatibilité technologique : plus une technologie est répandue et plus des technologies complémentaires se développent, renforçant sa position dominante.    Ces effets cumulatifs augmentent ainsi la valeur d’adoption de la technologie initialement choisie.

• l’état de la connaissance des agents joue un rôle important dans le mécanisme d’auto-renforcement

structure de l’industrie semencière


Howard, P. H. (2009). Visualizing consolidation in the global seed industry: 1996–2008. Sustainability, 1(4), 1266-1287.

mercredi 29 avril 2015

réseaux techno-économiques et irréversibilité

extraits de l’article de Callon (1990)

"Cet article explore les processus hétérogènes du changement social et technique, et en particulier, la dynamique des réseau techno-économiques. Il débute en considérant la manière dont les acteurs et les intermédiaires sont constitués et se définissent mutuellement, au sein de tels réseaux au cours de la traduction. Il explore ensuite, premièrement la manière dont les parties de tels réseaux hétérogènes convergent afin de créer des espaces unifiés reliant des éléments incommensurables, et secondairement comment certains de ces liens se pérennisent et tendent à mettre en forme les futurs processus de traduction. "

1. Acteurs et intermédiaires

p.134 : La science économique nous dit que ce sont les choses qui mettent les acteurs en relations les uns avec les autres.  Par exemple, qu’un consommateur et un producteur entrent en relation via un produit. Ou qu’un employé et un employeur sont liés parce que les compétences du premier sont mobilisées et payées par le dernier. Les économistes parlent ainsi d’intermédiaires.

"un intermédiaire est tout ce qui, passant entre les acteurs, défini les relations entre eux"

Les exemples d’intermédiaires incluent les articles scientifiques, les logiciels informatiques, les corps humains disciplinés, les artefacts techniques, les instruments, les contrats et l’argent.

Les économistes nous enseignent que l’interaction implique la circulation d’intermédiaires. Les sociologues nous enseignent que les acteurs peuvent seulement être définis à travers leurs relations. Mais ce sont deux morceaux d’un même puzzle, et si nous les assemblons nous trouvons la solution.

p.135 : "les acteurs se définissent mutuellement dans l’interaction - par les intermédiaires qu’ils mettent en circulation"

1.1 Intermédiaires  (p.135)

quatre principaux types d’intermédiaires

1/textes, ou plus généralement les inscriptions (rapport, livres, articles, brevets, notes), qui circulent et forment des médias relativement immuables qui résistent au transport [mobiles immuables]

2/artefacts techniques, qui incluent instruments scientifiques, machines, robot, biens de consommation, groupe relativement stable et structuré d’entités non humaines qui ensemble réalisent certaines taches

3/les êtres humains, avec leurs compétences, savoir et savoirs-faire incorporés

4/l’argent sous différentes formes"

p.135 "Les textes comme réseaux"

p.136 "l’article scientifiques est un réseau qui crée sa description"

L’objet technique comme réseau : un objet technique peut être traité comme un programme d’action qui coordonne un réseau de rôles"

p.137 "Les objets techniques,plus ou moins explicitement, définissent et distribuent des rôles aux humains et aux non-humains. Comme les textes, ils relient ensemble des entités au sein de réseaux avec des chemins qui peuvent être décodés."

Les compétences comme réseau (p.137)
L’argent comme réseau (p.138)

Des intermédiaires purs aux intermédiaires hybrides

(p.138) : "en pratique, le monde est empli d’intermédiaires hybrides"

Décoder les intermédiaires

(p.139) : "J’ai tenté de montrer que les intermédiaires, plus ou moins explicitement, décrivent leurs réseaux. C’est à dire qu’ils décrivent une collection d’humains et de non-humains, entités individuelles et collectives. Celles-ci sont définies par leurs rôles, leurs identités, et leur programme - qui dépendent tous des relations dans lesquelles elles entrent."

deux conséquences

"sur le plan du rôle crucial joué par les intermédiaires dans l’élaboration de la forme, de l’existence et de la consistance des liens sociaux" : "les acteurs se définissent mutuellement par le moyen de leurs intermédiaires qu’ils mettent en circulation"

sur le plan méthodologique : "le social peut être lu dans les inscriptions que laissent les intermédiaires"

exemples d’intermédiaires : articles scientifiques, logiciels, corps humains disciplinés, artéfacts techniques, instruments, contrats, argent

1.2 Acteurs

(p.140) "L’action travaille par la circulation des intermédiaires". "Toutes les interactions impliquent une méthode pour imputer des intermédiaires à des auteurs. En fait, l’auteur est souvent inscrit au sein des intermédiaires."

"Un acteur est donc un intermédiaire qui met d’autres intermédiaires en circulation"

2. Réseaux  (p.142)

"Tous les groupes, acteurs et intermédiaires décrivent un réseau : ils identifient et définissent d’autre groupes, acteurs et intermédiaires, ensemble, avec avec les relations qui les tiennent ensemble.

2.2.1 Convergence (p.144)

"Après avoir parlé de traduction, je peux maintenant explorer la dynamique des réseaux - le processus complexe par lequel les acteurs et leur intermédiaires bavards (quelquefois indiscrets) se meuvent ensemble."

La convergence mesure jusqu’à quel stade le processus de traduction et sa circulation d’intermédiaires mène à un accord. 

La convergence possède deux dimensions : alignement et co-ordination"

Alignement

p.145 "Un réseau commence à se former dès que trois acteurs sont réunis par des intermédiaires. Il existe deux configurations de base possibles : "

La première est complémentaire, les relations y sont transitives.

La seconde est substitutive, C est à la fois traduit par A et B

Co-ordination

qui est vraiment acteur, comment certains intermédiaires lui sont-ils attribués - quelles sont les règles d’attachement des intermédiaires à tels acteurs- quelles sont les conventions pour définir qui parle au nom de qui ?

"Je parlerai de faible co-ordination quand je voudrai caractériser un réseau qui ne possède pas de règles locales précises" et "de forte co-ordination pour faire référence à réseau formé par des règles à la fois locales et globales, à l’étendue de traduction restreinte et au comportement relativement prédictible".

2.2.2 Frontières

p.148 "La frontière d’un réseau peut être liée à son niveau de convergence. Dès lors que tout intermédiaire peut être mis en mots ou en textes, il permettent d’analyser le corpus plus ou moins redondant de textes qui définissent les acteurs, leurs identités et leurs relations. ...Simplement compter le nombre de fois qu’une traduction est inscrite au sein du corpus pertinent de textes ou d’inscriptions [voir la métrique des mots associés].

Pour l’établissement des frontières, un élément important est la comptabilité des régimes de traduction. C’est une des dimensions de la convergence. Ainsi il existe des règles et des régulations qui distinguent le pôle scientifique et le rendent partiellement autonome de - mais en même temps le relient de manière spécifique à - la technique.

"il est possible de distinguer entre les réseaux longs et les réseaux courts"

2.2.3 Irréversibilisation

p.149 "je dirais que le degré d’irréversibilité dépend de deux choses

(a) le niveau auquel il est subséquemment impossible de revenir en arrière à un point où la traduction était une parmi d’autres

(b) le niveau auquel il forme et détermine les traductions suivantes"

"plus nombreuses et hétérogènes sont les interrelations et plus grande sera la probabilité d’un résistance victorieuse à d’autre traductions alternatives"

2.2.4 Dynamique des réseaux et ponctuation

"Quand un réseau est fortement convergent et irréversibilisé, il peut être assimilé à une boîte noire dont le comportement est connu et prédit indépendamment de son contexte. Il peut être lié à un ou plusieurs acteurs-réseau ’extérieurs’ avec lesquels il échange des intermédiaires. Sous ces conditions, il est ponctualisé au sein de ces autres réseaux."

Conclusion

p.153 "Le comportement des acteurs, et plus généralement leur définition, change avec l’état du réseau, qui lui-même est le produit d’actions préalables. Les acteurs et leurs profils d’action peuvent être caractérisés pour chaque configuration d’un réseau. Moins un réseau sera convergent, moins il sera irréversible et plus les acteurs qui le composent peuvent être compris en termes de concepts de stratégie, de négociation et de variation de buts, de projets modifiables et de changements de coalitions. Dans de telles circonstances l’analyse doit commencer avec les acteurs et renseigner leurs interactions fluctuantes. La piste est encore chaude. L’information est rare, contradictoire, asymétrique et difficile à interpréter et à employer. L’incertitude est la règle.

À l’autre extrémité, dans les réseaux totalement convergents et irréversibilisés, les acteurs deviennent des agents avec des objectifs précis et des instruments pour établir des hiérarchies, calculer des coûts et mesurer des retours [sur investissement]. La piste est froide, et l’histoire est économicisée. Les états du réseau sont connus à chaque point à chaque instant. L’information délivrée par la traduction inscrite dans les intermédiaires et parfaite (le réseau est connu et prévisible) mais limitée (elle ne va pas au delà du réseau en question). Controverses et désintéressements (pour employer le langage de la sociologie de la traduction) sont hautement improbables. Le paradoxe est que les acteurs n’ont pas le choix, dans la mesure où ils sont "agis" par le réseau qui les tiens en place. À l’inverse, ils sont en position d’action délibérée seulement quand l’information est imparfaite et asymétrique."

Callon, M., 1990. Techno-economic networks and irreversibility. The Sociological Review 38, 132–161.

mercredi 27 août 2014

laissons les fourrés se faire

Prince sabrant le fourré entourant le château de la Belle au bois dormant ©Disney

contrairement à l’image colportée par la propagande hollywoodienne, les plantes épineuses sont des nurses, laissons donc les fourrés se faire

✪ observations : les fourrés de ronces, les landes hautes à ajoncs, les buissons de prunellier abritent de jeunes arbres et leur permettent de se développer


✪ proposition : selon un article publié en 2005 par une équipe de chercheurs*, les associations de jeunes arbres avec d’autres plantes vasculaires, souvent des fourrés, suggèrent l’effet de nurserie produit par des plantes voisines à travers leurs contributions directes ou indirectes aux performances des jeunes pousses :


- via la fourniture d’un abri vis-à-vis des températures extrêmes et des forts ensoleillements,

- grâce à l’augmentation de la disponibilité en eau à travers la re- montée d’eau, un taux plus élevé d’infiltration de l’eau et une éva- poration réduite,
- en augmentant la disponibilité des nutriments,

- en offrant un support physique,

- en réduisant la compaction et l’érosion du sol,

- en protégeant des herbivores.

*Smit, C. et al., 2005. Safe sites for tree regeneration in wooded pastures: A case of associational resistance? Journal of Vegetation Science 16: 209-214.

samedi 5 janvier 2013

the four-rayed herb for curing

"It was in the Moon of Shedding Ponies [May] when we had the heyoka ceremony. One day in the Moon of Fatness [June], when everything was blooming, I invited One Side to come over and eat with me. I had been thinking about the four-rayed herb that I had now seen twice--the first time in the great vision when I was nine years old, and the second time when I was lamenting on the hill. I knew that I must have this herb for curing, and I thought I could recognize the place where I had seen it growing that night when I lamented.

After One Side and I had eaten, I told him there was a herb I must find, and I wanted him to help me hunt for it. Of course I did not tell him I had seen it in a vision. He was willing to help, so we got on our horses and rode over to Grass Creek. Nobody was living over there. We came to the top of a high hill above the creek, and there we got off our horsesand sat down, for I felt that we were close to where I saw the herb growing in my vision of the dog.

We sat there awhile singing together some heyoka songs. Then I began to sing alone a song I had heard in my first great vision: "In a sacred manner they are sending voices."

After I had sung this song, I looked down towards the west, and yonder at a certain spot beside the creek were crows and magpies, chicken hawks and spotted eagles circling around and around.

Then I knew, and I said to One Side: "Friend, right there is where the herb is growing." He said: "We will go forth and see." So we got on our horses and rode down Grass Creek until we came to a dry gulch, and this we followed up. As we neared the spot the birds all flew away, and it was a place where four or five dry gulches came together. There right on the side of the bank the herb was growing, and I knew it, although I had never seen one like it before, except in my vision."

Black Elk Speaks by John G Neihardt
http://www.firstpeople.us/articles/Black-Elk-Speaks/Black-Elk-Speaks-Index.html