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mercredi 10 avril 2013

Préhistoire récente en Bretagne-Sud

Pen Hoat Salaün : occupations mésolithiques et néolithiques en Finistère


Une fouille préventive

Fouillé en 2008 sur une surface de 3700 m² en préalable à l’aménagement d’une grande surface commerciale, sous la direction d’Eric Nicolas (INRAP) et Grégor Marchand (CNRS), le site de Pen Hoat Salaün (commune de Pleuven) a livré deux occupations, l’une rapportable au groupe de Bertheaume (premier Mésolithique / 8300–8200 avant J.-C.), l’autre à la fin du Néolithique ancien (4800-4700 avant notre ère).

Désormais, une station service couvre ce campement de chasseurs-cueilleurs (puis d’agriculteurs néolithiques), mais nous avons eu toute l’opportunité d’en enregistrer les traces.

Sur cette photographie du site IGN Géoportail, au sud-ouest du rond-point principal, sous la station-service en travaux, l’emplacement de la zone fouillée (coordonnées Lambert 2 zone étendue : X = 124636 m ; Y = 2341745).




Conditions archéologiques

Installé sur le haut d’une pente en bordure de plateau et surplombant un graben, le site domine un très vaste panorama ouvert vers le nord-est. Cette situation topographique élevée a favorisé le déplacement des sédiments sur le versant et le remaniement des pièces archéologiques, qui se répartissent dans trois unités stratigraphiques superposées (US 1 à 3). Les deux premiers sont constitués de matériaux remaniés et colluviés, provenant de l’arène granitique et des formations lœssiques résiduelles des plateaux, alors que le dernier correspond à l’horizon de sol actuel développé sur des colluvions agricoles récentes. Cette couverture a permis en outre la découverte dans un niveau archéologique inférieur (US 3), d’objets lithiques rapportés essentiellement au Mésolithique, et dans un niveau archéologique supérieur (US 2) d’un mélange de pièces rapportées au Mésolithique et au Néolithique, auxquelles sont associés, mais dans une moindre mesure, des tessons céramiques.

Dans une dimension horizontale, il est possible de distinguer une concentration principale (zones E6-F6) cernée par des bancs granitiques altérés et une autre sur la pente (zone D4), toutes deux attribuables au premier Mésolithique, tandis que les vestiges néolithiques gisaient principalement dans l’US médiane (US 2) et formaient un bruit de fond en périphérie d’un habitat plus au sud, très dégradé et resté inexploré.



Occupations mésolithiques (groupe de Bertheaume)

Les datations par le radiocarbone obtenues autorisent à placer l’occupation mésolithique à la fin du 9ème millénaire avant notre ère, soit un positionnement un peu plus ancien que les dates déjà connues. Ce programme de datations fut aussi l’occasion de nous prévenir des dangers d’une prise en compte des seules noisettes brûlées dans ce type de contexte sédimentaire. Le silex exploités sous forme de galets littoraux représente 98,8 % du mobilier, grès éocène et ultramylonite de Tréméven apparaissant de manière très marginale. Le débitage lamellaire se fait selon une exploitation semi-tournante, avec une différentiation nette entre le centre de la table dédié aux lamelles étroites à extrémité effilées et les bords de cette surface de débitage, qui livrent des produits plus larges (lamelles et éclats lamellaires), à bords légèrement convexes, avec parfois un peu de cortex en partie latérale ou disto-latérale, et un profil torse. Le débitage est unipolaire en phase terminale, mais au préalable, il fut parfois bipolaire et séquentiel. Les armatures identifiées ne dépareillent pas dans le concert des industries du groupe de Bertheaume : lamelles étroites (2-3 mm) à un ou deux bords abattus, triangles scalènes assez courts, divers types de pointes, dont celles à deux bords abattus et base brute, et de très rares triangles isocèles et segments. Un grand nombre de galets utilisés en percussion lancée ou posée a également été découvert, de même que des boulettes d’ocre et un grès à rainure.


L’absence de structures aménagées en lien avec ces occupations mésolithiques, observation déjà effectuée lors des sondages sur d’autres sites, n’est pas liée à l’érosion, mais reflète soit des pratiques culturelles originales, soit un type d’habitat particulier dans les cycles de mobilité. Les analogies typologiques mobilisées dans cet article permettent de discuter des rapprochements culturels proposés autrefois, en tenant compte des interactions entre traditions techniques régionales connues dans le premier Mésolithique.



Occupations néolithiques

Au nombre de 763, les tessons de céramique montrent des formes en bol ou en bouteille ; les décors sont dominés par des panneaux de boutons au repoussé, des cordons – dont une petite partie est décorée d’impressions digitées – et des nervures en relief, ainsi que par des impressions à la pointe mousse ou à la spatule. Si on peut distinguer quelques caractères différents en proportions entre les deux assemblages lithiques, force est de constater l’absence des outils caractéristiques du Néolithique ancien ou moyen (armatures, perçoirs, burins), mais aussi la disparition des séquences laminaires si caractéristiques du Villeneuve-Saint-Germain dans la région au profit d’une production d’éclats.


Une hache en gneiss à muscovite et à sillimanite et un fragment d’anneau en schiste accompagnent ce maigre outillage. La première trouve des références dans le monde des haches socialement valorisées, dites aussi carnacéennes, avec une origine alpine possible si l’on en croit son type (probablement type Bégude repolie), quoique ces roches soient aussi présentes sur le Massif armoricain. Découvert en 2007 dans une tranchée de diagnostic à 100 mètres au sud-ouest de l’emprise de la fouille, un anneau-disque en serpentinite apparaît comme une autre pièce exceptionnelle, originaire peut-être des Alpes, quoiqu’une provenance locale soit discutée. Sans être strictement associées aux tessons, quatre dates par le radiocarbone réalisées sur brindilles brûlées indiquent la plage chronologique 4800-4700 avant notre ère. Même s’il est hors de question de parler d’association, l’assemblage de Pen Hoat Salaün offre un bon aperçu des traits stylistiques et techniques de la fin du Néolithique ancien, en prélude au Castellic.


Cette fouille préventive a été montée et suivie au Service régional de l’archéologie de Bretagne par Jean-Yves Tinévez et Stéphane Deschamps. Elle a été réalisée par l’INRAP en partenariat avec le CNRS, sous la direction d’Eric Nicolas et de Grégor Marchand. L’aménageur était Pierre Guerveno (SAS Ardan). L’étude géomorphologique a été réalisée par Valérie Deloze, l’étude micromorphologique par Carole Vissac, l’étude anthracologique par Nancy Marcoux. Le tri du mobilier lithique et les décomptes ont été effectués par Laurent Juhel, Grégor Marchand et Éric Nicolas ; l’étude technologique et typologique fut du ressort de Laurent Juhel. Le mobilier céramique a été étudié par Xavier Hénaff. Les pièces lithiques polies ont été analysées par Yvan Pailler, Jean-René Darboux et Michel Errera.

 


Publication dans :

Nicolas E., Marchand G., Deloze V., Juhel L., Vissac C., 2012 - Les occupations mésolithiques de Pen Hoat Salaün en Bretagne : premiers résultats de la fouille préventive et retour d’expérience sur les méthodes employées. Bulletin de la Société Préhistorique Française, 109, n°3 p. 457-494,


Nicolas E., Marchand G., Hénaff X., Juhel L., Pailler Y., Darboux J.-R., Errera M., 2013 - Le Néolithique ancien à l’ouest de la Bretagne : nouvelles découvertes à Pen Hoat Salaün (Pleuven, Finistère), L’Anthropologie, Volume 117, Issue 2, April–May 2013, Pages 195–237.

 

jeudi 11 mars 2010

Parution : Le Mésolithique en France

Emmanuel GHESQUIERE et Grégor MARCHAND

Le Mésolithique en France. Archéologie des derniers chasseurs-cueilleurs. Coéditions La Découverte / INRAP, collection « Archéologie de la France, 2010180 p. Broché : 22 €.

 


Il y a douze mille ans, au Xe millénaire, à l’issue de la dernière glaciation, des conditions climatiques plus tempérées se mettent progressivement en place en Europe. Elles obligent les groupes humains à toute une série d’adaptations qui leur permettent de continuer à assurer leur subsistance par une économie de chasse et de cueillette. Alors que la steppe cède le pas aux forêts tempérées, hommes et femmes du Mésolithique développent des stratégies d’acquisition de nourriture, alternant nomadisme et expéditions spécialisées, pour profiter de toutes les ressources animales ou végétales. Leurs habitats de bord de mer révèlent une surprenante abondance alimentaire, qui suggère la sédentarisation de certaines populations et leur essor démographique. Tout un outillage en pierre, longtemps qualifié d’ « expédient » mais fort bien adapté, se met en place, notamment pour exploiter les nouvelles ressources végétales. Premières nécropoles, conflits ou encore cannibalisme sont les points les plus saillants de rapports sociaux nouveaux.

Lorsqu’au VIe millénaire, les sociétés d’agriculteurs et d’éleveurs se développeront en France, elles le feront en synergie avec ces populations mésolithiques, moins dynamiques du point de vue démographique, mais très bien adaptées à tous les écosystèmes.

En se fondant sur les découvertes les plus récentes de l’archéologie en France, cet ouvrage propose une lecture renouvelée de ces mondes complexes et encore trop souvent négligés.

 

samedi 27 décembre 2008

Fin de fouille à Pont-Glas


dimanche 13 janvier 2008

Cartographie du Mésolithique en Finistère

Du plus grand au plus petit : une approche des sites mésolithiques en Finistère

Partant de l’observation que le prétendu « Mésolithique côtier breton » traduisait seulement un état lacunaire des connaissances, P. Gouletquer a entamé à partir de 1989 des séries de prospections de surface loin des côtes, dans le département du Finistère. Le nombre de sites de surface recensés en Finistère en 2001 par ce chercheur était de 1213. En apposant une grille d’identification, nous avons d’abord pu proposer une attribution chrono-culturelle pour 155 sites, soit 12,8 % de ce catalogue.

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dimanche 6 janvier 2008

Le groupe de Bertheaume

Découverte

A la suite de la découverte de quatre sites mésolithiques dans le département du Finistère, un groupe culturel fut identifié par P. Gouletquer au début des années 1970 et dénommé industrie de type Bertheaume, d’après une station en sommet de falaise à l’entrée de la rade de Brest. Cette industrie exclusivement lithique était caractérisée par une panoplie de microlithes constituée de triangles, principalement scalènes et effilés, de petites pointes et d’armatures d’un type original, les « lamelles Bertheaume » (Gouletquer, 1973 ; Berrou et Gouletquer, 1973 ; Gouletquer et al., 1974).

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jeudi 3 janvier 2008

Pleins les fouilles...

Voici les sites que j’ai fouillés dans l’Ouest, n’hésitez pas à m’écrire pour obtenir des informations.