Par la suite, grâce aux informations fournies par des collègues et à nos prospections, nous avons augmenté ce corpus pour atteindre en avril 2004 le nombre de 1318 sites. La base de données est intégrée dans un Système d’Informations Géographiques qui en facilite la gestion.


Dans ce corpus, 687 collections ont pu être observées, voire étudiées, avec un total de 96391 pièces lithiques décomptées (pour l’essentiel par P. Gouletquer entre 1989 et 2001). Parmi celui-ci, 200 ont pu être attribués à différentes périodes de la Préhistoire par la typologie des outillages, soit 15,2 % de l’ensemble. Enfin, 130 sites contenaient des armatures mésolithiques, seule condition pour être déclaré mésolithique (4 % de Mésolithique ancien, 35 % de Mésolithique moyen, 38 % de Mésolithique final et 23 % de Mésolithique indéterminé) ; si l’on ne prend en compte que les ensembles de plus de trente pièces, il reste 92 sites que l’on peut aujourd’hui qualifier de mésolithiques dans le Finistère.


Quel est le lien entre les découvertes horizontales (surface) et verticales (sondages) ?

Lors des ramassages de surface, on remarquera d’abord la stabilisation rapide des proportions de matières taillées dans les collections de surface : sur les gisements détruits largement par les labours, la fouille n’apporte pas grand chose sur ce chapitre. Cette observation valide donc les réflexions menées sur la dispersion des matières à partir des trouvailles de surface, pour des collections dépassants les cent pièces. Sur ces sites extrêmement érodés, les fouilles ne transforment pas non plus radicalement la reconstitution des schémas de débitage, mais elles permettent de donner des proportions entre produits et d’affiner la compréhension des ultimes phases de la production.


Intérêt des sondages

Confronté aux conditions de gisements qui prévalent d’ordinaire sur le Massif armoricain, il semblait nécessaire de commencer à définir l’éventail des types d’implantation, afin de mettre en place un mode d’exploitation adapté, dans l’optique notamment d’améliorer les travaux de sauvetage. Il s’agissait dans un premier temps de s’intéresser à la typologie de la localisation topographique, pour vérifier à chaque fois quelques paramètres simples :

-  épaisseur absolue des couches archéologiques et degré de dégradation par les travaux aratoires,

-  homogénéité technologique et typologique des occupations,

-  présence ou absence de structures,

-  intensité du fluage des couches, éventuelles inversions de stratigraphies,

-  éléments de datation.

 

Lors d’un programme mené entre 2001 et 2003, des sites ont été choisis dans le vaste corpus disponible en Finistère en fonction de la variété de leur position topographique :

-  Kerliézoc à Plouvien et la Presqu’île à Brennilis sont installés sur les versants de vallons secs,

-  Kerdunvel à Lampaul-Ploudalmézeau est sur un bord de plateau, mais aussi en contrebas dans un vallon sec et un vallon humide,

-  La Villeneuve à Locunolé s’étend sur la première terrasse non-inondable d’une rivière.

 


Sur tous ces sites, l’érosion naturelle et les travaux agricoles avaient conjugués leurs effets pour assurer la destruction des niveaux archéologiques.


Si l’on établit une typologie des configurations stratigraphiques rencontrées sur les sites mésolithiques du Massif armoricain, hors niveaux coquilliers, la situation semble assez simple :

-  soit le labour couvre un niveau de limons qui emballe des pièces lithiques (Kerliézoc, Kerdunvel, Kervouyen, Ty-Nancien, Lannuel, Quillien),

-  soit le labour accroche le rocher, sans niveau intermédiaire (La Trinité-Goarem-Lann, La Villeneuve),

-  soit le labour dissimule des dépôts vierges de tous vestiges, qui eux-mêmes protègent une couche en place (Le Bilou, La Croix-Audran).


Les sites mésolithiques fouillés en Bretagne couvrent en général de grandes étendues et sont le résultats d’occupations répétées pendant des siècles. L’enjeu des recherches actuelles est donc de saisir de petits ensembles, susceptibles d’avoir été déposés dans un temps relativement court ou pour lors de la réalisation d’activités spécialisés, afin d’affiner nos modèles économiques et sociaux.

 

Pour en savoir plus

Gouletquer P., Kayser O., Le Goffic M., Léopold P., Marchand G., Moullec J.-M., 1996 - Où sont passés les Mésolithiques côtiers bretons ? Bilan 1985-1995 des prospections de surface dans le Finistère. Revue Archéologique de l’Ouest, n° 13, p. 5-30.

Gouletquer P., Kayser O., Le Goffic M., Marchand G., 1997 - Approche géographique du Mésolithique de la Bretagne. In : Fagnard J.-P., Thévenin A. (dir.), Le tardiglaciaire en Europe du nord-ouest. Actes du 119 ème congrès national des Sociétés historiques et scientifiques, Amiens 1994. Editions du  Comité des travaux historiques et scientifiques, p. 279-292.

Marchand G., 2005 - Les occupations mésolithiques à l’intérieur du Finistère. Bilan archéographique et méthodologique (2001-2003). Revue archéologique de l’Ouest, 22, p. 25-84.

Marchand G., 2007 - Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? Le Mésolithique de l’Ouest, 80 ans après M. S.-J. Péquart. In : Collectif, Marthe et Saint-Just Péquart, archéologues des îles. De Houat à Hoëdic, 1923-1934. Melvan. La Revue des deux îles, n°4, p. 213-228.