Typologie

Le groupe de Bertheaume peut se définir par une association nécessaire de types d’armatures :

- lamelles étroites (-5 mm de large) à un ou deux bords abattus, tronquées ou non, qualifiées d’armatures Bertheaume,
- triangles scalènes étroits,
- pointes étroites à un bord abattu, avec ou sans base retouchée.

Dans les ensembles abondants (Kergalan, Kervouyen, Bertheaume, Pointe Saint-Michel), la pointe large à deux bords abattus et à base brute est représentée, la convexité naturelle de la base est à noter car elle dénote un choix systématique du support. La pointe étroite à un bord abattu et base retouchée (rectiligne ou convexe) est beaucoup plus rare (Toul-an-Naouc’h). Les pointes à troncature oblique sont régulièrement présentes, mais en faible quantité. D’ordinaire, l’extrémité apicale de ces pointes est installée sur la partie proximale du support, la plus épaisse. Les triangles isocèles sont signalés à Kergalan, mais ils sont assez irréguliers ; il en va de même des segments. Les triangles de Montclus sont parfois présents, même si les formes plus courtes sont majoritaires (triangles de Montclus apparentés). Leurs retouches non abruptes et une plus grande régularité de la forme permettent de les distinguer aisément des armatures Bertheaume. Ces triangles sont très étroits (jusqu’à 5 mm de large).


 

Les dates par le radiocarbone placent de groupe à la charnière entre le 9ème et le 8ème millénaire avant J.-C., mais la courbe de calibration est peu fiable pour cette période (Blanchet et alii, 2006).


Répartition géographique

Les 35 sites aujourd’hui reconnus sont identifiés sur le département du Finistère, à l’exception d’une station à l’est de l’île de Groix. Parce que l’identification de ces pièces lithiques minuscules était plus aisée sur les chemins côtiers très érodés et délavés par la pluie, le groupe de Bertheaume a été longtemps un « faciès côtier ». Les prospections ultérieures ont permis de garnir notablement l’intérieur de ce département.



Comparaison

Les ressemblances entre Sauveterrien et groupe de Bertheaume sont loin de l’assimilation ; les divergences portent sur la diversité des types de pointes dans le groupe de Bretagne et sur l’absence de pointes de Sauveterre. Il faut donc bien admettre que le premier n’est pas l’extension septentrionale d’une même vaste culture. La convergence technique est une hypothèse nouvelle que l’on se doit de considérer. Les deux groupes sont engagés dans une miniaturisation de leurs outillages et ils possèdent un fonds commun : triangles scalènes et lamelles à dos. E. Ghesquière insiste sur les similitudes entre les groupes de Horsham et du Nord-Cotentin (Ghesquière et alii, 2002) ; elles permettent de dessiner une entité technique cohérente de part et d’autre du détroit. Le groupe de Bertheaume peut alors être conçu comme une forme diminutive de cet ensemble.


Pour en savoir plus….

Berrou P. et Gouletquer P., 1973 - L’épipaléolithique de la région de Plovan (Finistère), B.S.P.F., Tome 70, N°6, p. 166-172

Blanchet S., Kayser O., Marchand G., Yven E., 2006 - Le Mésolithique moyen en Finistère : de nouvelles datations pour le groupe de Bertheaume, Bulletin de la Société Préhistorique Française, 103, 3, p. 507-518.

Gouletquer P., 1973 - Découverte d’une nouvelle industrie mésolithique en Bretagne Occidentale. In : Kozlowski S.K.(dir.), the Mesolithic in Europe, Warsaw University Press

Gouletquer P., Morris J., Stourm J.C., 1974 - Prospection archéologique au Pays Bigouden, méthodes, résultats, perspectives. Penn ar Bed, Vol.9, n°79, p. 468-483

Guesquière E., Lefèvre P., Marcigny C., Souffi B., 2000 - Le Mésolithique moyen du Nord-Cotentin, Basse-Normandie, France. BAR International Series 856, 292 p.

Kayser O., Le Goff J.C., Roué D., 1990 - Le site mésolithique de Toul-an-Naouc’h, Plougoulm, Finistère. Revue Archéologique de l’Ouest, 7, p. 23-29.

Marchand G., 2001 - A la recherche d’un site perdu : les occupations mésolithiques et néolithiques de Raguénez (Névez, Finistère). Société Archéologique du Finistère, tome CXXX, p. 27-41.