Le groupe de Bertheaume
Par Gregor Marchand le dimanche 6 janvier 2008, 16:18 - Définitions - Lien permanent
Directeur de recherche CNRS / Université de Rennes 1. Archéologue et Préhistorien, spécialiste des industries lithiques du Paléolithique final, du Mésolithique et du Néolithique sur la façade atlantique de l’Europe, avec des terrains en France et au Portugal.
Par Gregor Marchand le dimanche 6 janvier 2008, 16:18 - Définitions - Lien permanent
Découverte
A la suite de la découverte de quatre sites mésolithiques dans le département du Finistère, un groupe culturel fut identifié par P. Gouletquer au début des années 1970 et dénommé industrie de type Bertheaume, d’après une station en sommet de falaise à l’entrée de la rade de Brest. Cette industrie exclusivement lithique était caractérisée par une panoplie de microlithes constituée de triangles, principalement scalènes et effilés, de petites pointes et d’armatures d’un type original, les « lamelles Bertheaume » (Gouletquer, 1973 ; Berrou et Gouletquer, 1973 ; Gouletquer et al., 1974).
Typologie
Le groupe de Bertheaume peut se définir par une association nécessaire de types d’armatures :
- lamelles étroites (
- triangles scalènes étroits,
- pointes étroites à un bord abattu, avec ou sans base retouchée.
Dans les ensembles abondants (Kergalan, Kervouyen, Bertheaume, Pointe Saint-Michel), la pointe large à deux bords abattus et à base brute est représentée, la convexité naturelle de la base est à noter car elle dénote un choix systématique du support. La pointe étroite à un bord abattu et base retouchée (rectiligne ou convexe) est beaucoup plus rare (Toul-an-Naouc’h). Les pointes à troncature oblique sont régulièrement présentes, mais en faible quantité. D’ordinaire, l’extrémité apicale de ces pointes est installée sur la partie proximale du support, la plus épaisse. Les triangles isocèles sont signalés à Kergalan, mais ils sont assez irréguliers ; il en va de même des segments. Les triangles de Montclus sont parfois présents, même si les formes plus courtes sont majoritaires (triangles de Montclus apparentés). Leurs retouches non abruptes et une plus grande régularité de la forme permettent de les distinguer aisément des armatures Bertheaume. Ces triangles sont très étroits (jusqu’à
Les dates par le radiocarbone placent de groupe à la charnière entre le 9ème et le 8ème millénaire avant J.-C., mais la courbe de calibration est peu fiable pour cette période (Blanchet et alii, 2006).
Répartition géographique
Les 35 sites aujourd’hui reconnus sont identifiés sur le département du Finistère, à l’exception d’une station à l’est de l’île de Groix. Parce que l’identification de ces pièces lithiques minuscules était plus aisée sur les chemins côtiers très érodés et délavés par la pluie, le groupe de Bertheaume a été longtemps un « faciès côtier ». Les prospections ultérieures ont permis de garnir notablement l’intérieur de ce département.
Comparaison
Les ressemblances entre Sauveterrien et groupe de Bertheaume sont loin de l’assimilation ; les divergences portent sur la diversité des types de pointes dans le groupe de Bretagne et sur l’absence de pointes de Sauveterre. Il faut donc bien admettre que le premier n’est pas l’extension septentrionale d’une même vaste culture. La convergence technique est une hypothèse nouvelle que l’on se doit de considérer. Les deux groupes sont engagés dans une miniaturisation de leurs outillages et ils possèdent un fonds commun : triangles scalènes et lamelles à dos. E. Ghesquière insiste sur les similitudes entre les groupes de Horsham et du Nord-Cotentin (Ghesquière et alii, 2002) ; elles permettent de dessiner une entité technique cohérente de part et d’autre du détroit. Le groupe de Bertheaume peut alors être conçu comme une forme diminutive de cet ensemble.
Pour en savoir plus….
Berrou P. et Gouletquer P., 1973 - L’épipaléolithique de la région de Plovan (Finistère), B.S.P.F., Tome 70, N°6, p. 166-172
Blanchet S., Kayser O., Marchand G., Yven E., 2006 - Le Mésolithique moyen en Finistère : de nouvelles datations pour le groupe de Bertheaume, Bulletin de
Gouletquer P., 1973 - Découverte d’une nouvelle industrie mésolithique en Bretagne Occidentale. In : Kozlowski S.K.(dir.), the Mesolithic in Europe, Warsaw University Press
Gouletquer P., Morris J., Stourm J.C., 1974 - Prospection archéologique au Pays Bigouden, méthodes, résultats, perspectives. Penn ar Bed, Vol.9, n°79, p. 468-483
Guesquière E., Lefèvre P., Marcigny C., Souffi B., 2000 - Le Mésolithique moyen du Nord-Cotentin, Basse-Normandie, France. BAR International Series 856, 292 p.
Kayser O., Le Goff J.C., Roué D., 1990 - Le site mésolithique de Toul-an-Naouc’h, Plougoulm, Finistère. Revue Archéologique de l’Ouest, 7, p. 23-29.
Marchand G., 2001 - A la recherche d’un site perdu : les occupations mésolithiques et néolithiques de Raguénez (Névez, Finistère). Société Archéologique du Finistère, tome CXXX, p. 27-41.