Entre les deux guerres, les travaux du Commandant Octobon sur la « question tardenoisienne » n’ont pas peu contribué à animer le débat en France. Ce courant « tardenoisien » ne pouvait alors être conçu en dehors des schèmas migrationnistes qui structuraient la recherche de l’époque et le déferlement de peuples semblait alors aller de soi.


De manière plus pragmatique et prudente, J. G. D. Clark proposa de lier ce phénomène à la néolithisation, sans en préciser l’articulation. Il observe en effet une présence de ces industries en marge de la diffusion du paradigme néolithique depuis le Moyen-Orient ; l’ambiguïté voire l’absence de traces de domestication dans les habitats du Mésolithique ne lui permet pas de lier strictement les deux phénomènes. Malgré quelques échos, cette idée restera peu diffusée en France.


Au cours des années 1970, les études de J.-G. Rozoy sur l’aire franco-belge entrainèrent l’abandon définitif de ce système binaire. Il opta résolument pour les hypothèses de continuité entre les cultures qu’il distinguait, avec une partition en cinq phases (très ancien, ancien, moyen, récent et final) sans solution de continuité (Rozoy, 1978, p. 905). L’adoption du terme Epipaléolithique pour qualifier l’ensemble de la période soulignait d’ailleurs le prolongement avec les temps paléolithiques. Avec le développement de ces conceptions d’évolution régionale sur place, l’accent fut mis sur une transition progressive à partir du Mésolithique moyen et il n’y avait guère de place pour des hypothèses diffusionnistes, même atténuées. Cette école de pensée a contribué à banaliser un phénomène pourtant des plus marquants et le renouvellement des problématiques scientifiques nous conduit à poser à nouveau le problème.






En proposant à notre tour de scinder la période intermédiaire entre le Paléolithique et le Néolithique en un premier et un second Mésolithique, nous ne souhaitons pas a priori associer les ensembles techniques et les économies de subsistance, mais seulement dégager une problématique qui nous semble avoir été trop longtemps ensablée. En France, le premier Mésolithique s’étendrait dont d’environ 10000 à 6800 avant notre ère, tandis que le second Mésolithique couvrirait la période 6800 à 5000 avant notre ère.


La nature de ces changements techniques et leurs liens avec d’autres modifications sociales ou environnementales sont au cœur de thèmes de recherche qui doivent être développés aujourd’hui.


Grégor Marchand