Premier et second Mésolithique
Par Gregor Marchand le mercredi 12 mars 2008, 16:57 - Définitions - Lien permanent
Directeur de recherche CNRS / Université de Rennes 1. Archéologue et Préhistorien, spécialiste des industries lithiques du Paléolithique final, du Mésolithique et du Néolithique sur la façade atlantique de l’Europe, avec des terrains en France et au Portugal.
Par Gregor Marchand le mercredi 12 mars 2008, 16:57 - Définitions - Lien permanent
Que ce soit en Afrique du Nord, en Espagne ou en France, le début du septième millénaire avant notre ère semble coïncider avec le développement d’assemblages lithiques bien différents des précédents, nommés industries à trapèzes ou industries à lames prismatiques. Cette césure technique au sein du Mésolithique incite même à distinguer un premier et un second Mésolithique, du Maghreb à
Entre les deux guerres, les travaux du Commandant Octobon sur la « question tardenoisienne » n’ont pas peu contribué à animer le débat en France. Ce courant « tardenoisien » ne pouvait alors être conçu en dehors des schèmas migrationnistes qui structuraient la recherche de l’époque et le déferlement de peuples semblait alors aller de soi.
De manière plus pragmatique et prudente, J. G. D. Clark proposa de lier ce phénomène à la néolithisation, sans en préciser l’articulation. Il observe en effet une présence de ces industries en marge de la diffusion du paradigme néolithique depuis le Moyen-Orient ; l’ambiguïté voire l’absence de traces de domestication dans les habitats du Mésolithique ne lui permet pas de lier strictement les deux phénomènes. Malgré quelques échos, cette idée restera peu diffusée en France.
Au cours des années 1970, les études de J.-G. Rozoy sur l’aire franco-belge entrainèrent l’abandon définitif de ce système binaire. Il opta résolument pour les hypothèses de continuité entre les cultures qu’il distinguait, avec une partition en cinq phases (très ancien, ancien, moyen, récent et final) sans solution de continuité (Rozoy, 1978, p. 905). L’adoption du terme Epipaléolithique pour qualifier l’ensemble de la période soulignait d’ailleurs le prolongement avec les temps paléolithiques. Avec le développement de ces conceptions d’évolution régionale sur place, l’accent fut mis sur une transition progressive à partir du Mésolithique moyen et il n’y avait guère de place pour des hypothèses diffusionnistes, même atténuées. Cette école de pensée a contribué à banaliser un phénomène pourtant des plus marquants et le renouvellement des problématiques scientifiques nous conduit à poser à nouveau le problème.
La nature de ces changements techniques et leurs liens avec d’autres modifications sociales ou environnementales sont au cœur de thèmes de recherche qui doivent être développés aujourd’hui.