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mercredi 10 avril 2013

Folles coches du Mésolithique !

Durant le septième millénaire avant J.-C., des changements importants sont constatés dans les industries lithiques d’Europe occidentale, qui nous autorisent à distinguer le premier et le second Mésolithique.

  • Quels sont les éléments stables et invariants de cet assemblage technique sur toute l’aire géographique considérée (Europe occidentale continentale et Afrique du Nord) ?
  • Quelles sont les logiques techniques ou fonctionnelles qui président à sa constitution et à sa pérennité ?
  • Les changements de standards répondent-ils à l’introduction de nouvelles fonctions ou de nouvelles matières travaillées ?
  • Le reste de l’outillage en os ou en coquille évolue-t-il également et de quelle manière ?

 

En gardant à l’esprit ce vaste champ de recherche technologique qui ne fait que s’ouvrir, nous souhaitons ici seulement présenter une enquête très partielle concernant l’une de ces composantes techniques, les lames à coche simple ou à coches multiples (dites aussi « lames Montbani »), pour en affiner la définition sur des bases non plus seulement morphologiques mais également fonctionnelles

 

Un récent travail a associé des technologues à des tracéologues (menés par Bernard Gassin) pour tenter de comprendre le fonctionnement de ces outils emblématiques. Nous avons étudié un échantillon de lames à coches provenant de différents sites mésolithiques du VIIe et du VIe millénaire av. J.-C. : Beg-an-Dorchenn, L’Essart, La Grange (Ouest de la France), Noyen-sur-Seine, Choisy-au-Bac (Bassin parisien), Verrebroek Aven Ackers et Oudenaarde (Belgique), Mourre de Sève (Provence), La Grande Rivoire (Alpes), Dammartin-Marpain (Jura).

 

Dans le corpus étudié, les coches sont systématiquement directes et le plus souvent obtenues par flexion. L’analyse fonctionnelle montre que les coches sont utilisées comme outils de raclage. La dissymétrie des polis observés sur la face inférieure et sur la face supérieure (face retouchée) indique que la face supérieure est systématiquement en position de face d’attaque, avec un angle d’attaque voisin de 90° : il s’agit d’un raclage en coupe négative. Cette position d’utilisation est incompatible avec un détachement d’enlèvements d’utilisation en face supérieure. Nous concluons donc que les coches résultent d’une retouche volontaire et non d’un processus d’écaillage en cours d’utilisation. Il apparaît clairement que chaque coche est une zone d’utilisation autonome, utilisée par une faible longueur de tranchant.

 

La variabilité des traces d’usure observées suggère que différents matériaux ont été travaillés, parmi lesquels différents végétaux (bois, plantes souples siliceuses de différentes natures), et, probablement, des matières osseuses. Ainsi, ces outils emblématiques du second Mésolithique résultent d’un processus technique volontaire et correspondent à des finalités fonctionnelles spécifiques.

 

Surgères, La Grange. Lame Sondage C, D23 sud, couche 5. 1 : raclage de matière végétale en coupe négative, face d’attaque en face supérieure. Le poli est interrompu par un enlèvement de retouche, suivi d’une deuxième utilisation. 2 : raclage de matière indéterminée. 3 : raclage de matière indéterminée (usure peu développée). 4 : raclage en coupe négative de matière végétale, face d’attaque en face supérieure. 5 : contact ponctuel avec une matière dure. 6 : raclage bref, usure peu développée. 7 : utilisation brève, usure peu développée. Photographies des zones d’utilisation 1 et 4 : grossissement initial 200 X. a, c : poli uni "mou", face d’attaque ; b, d : biseau poli lisse convexe, face en dépouille (photographies et montage de Bernard Gassin).

 

Publication dans :

Gassin B., Marchand G., Claud E., Gueret C., Philibert S., 2013 - Les lames à coche du second Mésolithique : des outils dédiés au travail des plantes ? Bulletin de la Société Préhistorique Française, 110, n°1, janvier-mars 2013.

lundi 4 octobre 2010

Trapèzes en Europe

Le second Mésolithique d’Europe occidentale : origine et gradient chronologique

Thomas Perrin, Grégor Marchand, Pierre Allard, Didier Binder avec la collaboration de Carmine Collina, Oreto Garcia-Puchol, Nicolas Valdeyron



Au VIIe millénaire avant notre ère, la quasi totalité de l’Europe connaît un bouleversement majeur dans la composition des systèmes techniques des groupes mésolithiques. Ce changement a également lieu de façon très rapide. Ce travail cherche a définir les origines potentielles de ce phénomène ainsi que de définir le gradient chronologique de sa diffusion. On cherche également à en comprendre la nature même : s’agit-il de la diffusion d’un nouveau concept technique ou cela signe-t-il le déplacement physique de groupes humains culturellement différents ?

ARTICLE ORIGINEL (à télécharger en bas de la page) :

Perrin T., Marchand G., Allard P., Binder D., Collina C., Garcia-Puchol O. et Valdeyron N., 2009 - Le second Mésolithique d’Europe occidentale : origine et gradient chronologique (the late Mesolithic of Western Europe : origins and chronological stages). Annales de la Fondation Fyssen, n°24, p. 160-177.

jeudi 11 mars 2010

Parution : Le Mésolithique en France

Emmanuel GHESQUIERE et Grégor MARCHAND

Le Mésolithique en France. Archéologie des derniers chasseurs-cueilleurs. Coéditions La Découverte / INRAP, collection « Archéologie de la France, 2010180 p. Broché : 22 €.

 


Il y a douze mille ans, au Xe millénaire, à l’issue de la dernière glaciation, des conditions climatiques plus tempérées se mettent progressivement en place en Europe. Elles obligent les groupes humains à toute une série d’adaptations qui leur permettent de continuer à assurer leur subsistance par une économie de chasse et de cueillette. Alors que la steppe cède le pas aux forêts tempérées, hommes et femmes du Mésolithique développent des stratégies d’acquisition de nourriture, alternant nomadisme et expéditions spécialisées, pour profiter de toutes les ressources animales ou végétales. Leurs habitats de bord de mer révèlent une surprenante abondance alimentaire, qui suggère la sédentarisation de certaines populations et leur essor démographique. Tout un outillage en pierre, longtemps qualifié d’ « expédient » mais fort bien adapté, se met en place, notamment pour exploiter les nouvelles ressources végétales. Premières nécropoles, conflits ou encore cannibalisme sont les points les plus saillants de rapports sociaux nouveaux.

Lorsqu’au VIe millénaire, les sociétés d’agriculteurs et d’éleveurs se développeront en France, elles le feront en synergie avec ces populations mésolithiques, moins dynamiques du point de vue démographique, mais très bien adaptées à tous les écosystèmes.

En se fondant sur les découvertes les plus récentes de l’archéologie en France, cet ouvrage propose une lecture renouvelée de ces mondes complexes et encore trop souvent négligés.

 

samedi 26 avril 2008

Résumé de thèse

La néolithisation de l’ouest de la France : caractérisation des industries lithiques (1997)

L’objectif de ce travail est la caractérisation technologique et typologique des industries lithiques taillées dans l’ouest de la France (Bretagne, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Aquitaine) durant la néolithisation.

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mercredi 12 mars 2008

Premier et second Mésolithique

Que ce soit en Afrique du Nord, en Espagne ou en France, le début du septième millénaire avant notre ère semble coïncider avec le développement d’assemblages lithiques bien différents des précédents, nommés industries à trapèzes ou industries à lames prismatiques. Cette césure technique au sein du Mésolithique incite même à distinguer un premier et un second Mésolithique, du Maghreb à la Scandinavie. Seules les îles britanniques ne sont pas touchées par un phénomène qui couvre tout l’ouest du continent. L’ampleur de ce changement a fait qu’il a été identifié de longue date par les archéologues, pour donner naissance à la bipartition Sauveterrien / Tardenoisien qui a ordonné le Mésolithique de la France et des pays limitrophes jusqu’au début des années 1970.

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