Ils ont été plus particulièrement analysés par Michel Tessier. Des niveaux lenticulaires contenaient des coquilles (essentiellement des scrobiculaires), accumulées par les hommes après leur consommation. Des opérations de terrain associées à un tamisage systématique ont été engagées en 1994 sur le locus 1a, en 2003 et 2004 sur le locus 1b.

Une datation obtenue sur coquille à Saint-Gildas 1b se place entre 6600 et 6400 avant J.-C., ce qui ne contredit pas une autre date réalisée il y a plus de trente ans. Elles accompagnent des industries à lames et lamelles larges, aux nervures sinueuses, dominées par des triangles scalènes larges, mais comprenant aussi des trapèzes asymétriques. L’importante dégradation de ces sites par l’érosion et la difficile calibration de ces dates entraînent bien des imprécisions, mais il semble acquis que ces assemblages sont les premiers exemples de l’émergence du second Mésolithique (Mésolithique à trapèzes) sur le Massif armoricain.

Les prospections de M. Tessier au nord de la baie de Bourgneuf ont livré de nombreux autres sites du Mésolithique sur une dizaine de kilomètres le long du littoral, mais avec une bipartition chronologique dont il convient de chercher l’explication :

- sur la pointe Saint-Gildas le début des industries à trapèzes (le Gildasien),

- sur le reste du littoral les stations retziennes (le Retzien) et la fin de ce cycle.

Les conditions d’exploitation archéologique sont identiques et ne peuvent expliquer ces différences. Une autre explication pourrait résider dans un changement à la fois dans l’économie vivrière et dans l’environnement des groupes du Mésolithique entre le 7ème et le 6ème millénaire avant J.-C. Les coquilles récoltées par les hommes de la Préhistoire indiquent en effet une collecte en milieu vaseux, alors que les sites surplombent actuellement un estran rocheux. La remontée de l’océan lors de l’Holocène a masqué un estuaire dans le prolongement de l’actuelle ria de Pornic, perceptible par des relevés bathymétriques et des carottages sédimentaires sous-marins.


Des sites satellites de petites dimensions et montrant une collecte de coquillage assez restreinte pourraient être complémentaires d’habitat à résidence prolongée. Si on applique ce modèle aux sites à coquilles de l’ouest de la France, les niveaux coquilliers bretons possèdent les caractéristiques d’un camp de base, tandis que ceux de Saint-Gildas sont davantage le reflet d’expéditions ponctuelles. » (Dupont C., Marchand G., Gruet Y. et Tessier M., 2007 - Les occupations mésolithiques de la Pointe Saint-Gildas (Préfailles, Loire-Atlantique) dans leur cadre paléo-environnemental. Gallia-Préhistoire, 49, p. 161-196.)