Des armatures de flèche très évoluées
Par Gregor Marchand le samedi 19 juillet 2008, 15:47 - Néolithisation - Lien permanent
Directeur de recherche CNRS / Université de Rennes 1. Archéologue et Préhistorien, spécialiste des industries lithiques du Paléolithique final, du Mésolithique et du Néolithique sur la façade atlantique de l’Europe, avec des terrains en France et au Portugal.
Par Gregor Marchand le samedi 19 juillet 2008, 15:47 - Néolithisation - Lien permanent
L’état actuel de la recherche nous conduit à accorder une forte importance à l’ensemble lithique de la fosse 1 située en façade de Lannec-er-Gadouer à Erdeven dans le Morbihan. Il a été découvert au cours des années 1990, lors des fouilles de S. Cassen. Il retiendra ici notre attention, tant pour ses caractères typologiques, que pour son statut d’ensemble clos, encore unique dans le Mésolithique breton.
Il sera placé ici en regard des modèles chrono-culturels désormais classiques, fondés sur l’analyse des industries d’habitats mésolithiques aux restes de taille incomparablement plus abondants. Au passage, nous accrocherons à notre raisonnement une autre pièce archéologique inédite, dont la présence en Bretagne semble encore incongrue à la lumière de nos perfectibles connaissances. Notre approche s’éloigne ici autant de la typologie statistique que de la lecture technologique systémique, car hormis à Lannec-er-Gadouer, les contextes archéologiques concernés sont tout sauf fiables. Il ne s’agit surtout pas d’abandonner des approches typologiques et technologiques profitables ailleurs pour revenir aux bons vieux fossiles-directeurs, mais plutôt de défricher quelques entrées de champs dont la mise en culture est proche. Le postulat de cet article est que la présence de ces pièces ne doit rien au hasard ou aux pérégrination de quelques aventuriers mésolithiques, mais est la partie la plus visible de systèmes techniques présents dans le sud de
De la construction de l’actuelle structuration chrono-culturelle du Mésolithique final breton, retenons trois étapes essentielles, franchies grâces aux travaux souvent contradictoires de M. et S.-J. Péquart, J.-G. Rozoy et O. Kayser. Une synthèse ultérieure, basée sur une multiplication et une pondération de nouveaux critères techniques, a globalement respecté l’organisation proposée par O. Kayser ; le rôle d’une influence néolithique sur les derniers mésolithiques y est en revanche plus développé. Par ailleurs, les travaux de P. Gouletquer et de son équipe concernant l’organisation des territoires et l’économie des matières premières ont donné davantage de consistance à ces échafaudages typologiques.
L’industrie mésolithique finale de Beg-er-Vil (Quiberon, Morbihan), sans armatures archaïques et datée de 6000 BP, est la clef de voûte de cette organisation. Cette domination des trapèzes symétriques est néanmoins maintenant clairement attestée sur nombre de site finistérien.
L’existence d’un effet de péninsule nous semble aujourd’hui bien attesté pour la fin du Mésolithique, sur un espace qui correspond aux départements du Finistère et du Morbihan (les Côtes d’Armor sont terrae incognitae). Il se traduit par une évolution très particulière en regard du Mésolithique final français.
La phase finale du Mésolithique sud-breton comprend donc une domination presque sans partage des trapèzes symétriques, ou si l’on préfère un terme plus familier des néolithiciens, des flèches tranchantes. Pourtant, tant dans le sud que dans le nord de
La découverte d’une pointe de Sonchamp dans la fosse 1 de Lannec-er-Gadouer impose des contorsions intellectuelles pour s’intégrer dans ce schéma très général. Il faut supposer une avancée vers l’Ouest des armatures triangulaires à retouches d’amincissement et à piquant-trièdre non-retouché. Cet ensemble inclut les pointes de Sonchamp (figure 1, n°9) et les armatures à éperon (ibid, n°10) ; les secondes se distinguent des premières par une silhouette un peu plus allongés, des retouches plus sinueuses et plus envahissantes et un cran marqué. Les cas intermédiaires sont évidemment nombreux. De ce fait, la pointe de Lannec-er-Gadouer, si elle est bien du type Sonchamp, n’implique pas pour autant un lien direct avec le Bassin parisien. Elle se distingue simplement des critères stylistiques du Centre-Ouest. La datation de cette intrusion ne bénéficie d’aucune preuve directe.
Les armatures du Châtelet sont des triangles le plus souvent équilatéraux, dont les troncatures sont réalisées par des retouches bifaciales courtes. Elles sont connus en grand nombre sur les sites retziens, en Loire-Atlantique et en Vendée, parmi des outils parfaitement caractéristiques du Mésolithique final. Elle sont proche par la silhouette des flèches de Montclus du Néolithique ancien méditerranéen, comme l’avait déjà souligné R. Joussaume, et l’un d’entre nous a pu émettre l’hypothèse d’un transfert technique du Néolithique vers le Mésolithique, après avoir écarté des hypothèse de création sur place ou de simple diffusion. Une seule date par le radiocarbone a été obtenue à
La station côtière de Goudoul (Lesconil, Finistère) a fait l’objet de nombreuses mentions, la première remontant à 1875. La présence de poteries à spicules, témoins d’un probable habitat de l’âge du Bronze final, était parfois évoquée. Dans un petit paragraphe, J.-P. Le Bihan élargissait la fourchette chronologique et remarquait, dans une collection privée, la présence d’une perle en ambre attribuée à la fin de
Au début des années 80, le repérage de la diffusion d’items néolithiques anciens sur la façade atlantique de
Cette manière de procéder – frustrante car imprudente –permet d’esquisser de nouveaux axes de circulation de pièces, sans que l’on puisse dire quels systèmes économiques, sociaux et culturels les ont propulsés et quels sont les mécanismes de propagation. Il est à espérer que des ensembles plus étoffés seront découverts dans le sud de
Grégor Marchand et Estelle Yven