Différents modèles proposés pour la néolithisation de la péninsule ibérique (DAO : C. Manen).

 

Cette réflexion s’inscrit dans le cadre d’un programme de recherche ayant pour objectif de confronter le fonctionnement et les dynamiques évolutives des sociétés préhistoriques en différents points de la façade atlantique de l’Europe, lors de l’émergence des économies de production. Elle découle également d’un programme sur le premier Néolithique en Algarve (sud du Portugal). Les récents travaux tendent à montrer que la diffusion du mode de vie agro-pastoral s’accompagne d’un renouvellement de ses composantes culturelles au profit d’un développement des identités régionales. Bien qu’ils soient génétiquement liés, il est parfois difficile d’identifier les termes de passage entre les différents complexes du premier Néolithique de la Méditerranée. Au carrefour des domaines méditerranéens et atlantiques, le Portugal constitue ainsi un terrain d’observation privilégié, avec des communautés mésolithiques bien établies sur des écosystèmes fluvio-littoraux, une indéniable influence des communautés de la façade méditerranéenne dans le processus de néolithisation et l’existence de zones de contact Mésolithique / Néolithique stables en Alentejo (sud du Portugal).

 

 

 

Différents travaux permettent aujourd’hui de déceler au sein des premières composantes néolithiques portugaises certaines particularités qui semblent en rupture avec celles du Cardial « franco-ibérique ». On citera par exemple l’abondance des armatures de type segments, le traitement thermique du silex ou encore certaines formes céramiques et certains décors imprimés qui se diversifient de façon étonnante à la charnière des 6ème et 5ème millénaire avant notre ère. Afin de préciser nos connaissances sur le premier Néolithique portugais, nous avons testé l’hypothèse d’une origine extra-ibérique de certaines des composantes citées plus haut qui viendraient se marier avec celles des populations autochtones, mais également avec celles du Cardial « franco-ibérique ». L’enquête sera menée sur les types de transferts de part et d’autre du détroit de Gibraltar, leur degré et leur modalité. Ni diffusionniste, ni évolutionniste, cette approche entend placer en son centre une réflexion suivant les termes de la technologie culturelle, avant de prétendre qualifier des mouvements de populations ou des mutations sur place. Sans prétendre écrire un modèle globalisant pour rendre compte d’une situation dont on pressent qu’elle sera complexe et diversifiée sur des aires assez restreintes, nous nous proposons de ré-examiner ces questions en proposant une image de la néolithisation qui ferait une plus large place aux phénomènes de transferts culturels.

 

 

La suite dans :

Manen C., Marchand G., Carvalho A. F., 2007

Le Néolithique ancien de la péninsule ibérique : vers une nouvelle évaluation du mirage africain. In : Congrès du Centenaire (2007), Un siècle de construction du discours scientifique en Préhistoire, Société Préhistorique Française, 3 volumes.


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