Les références complètes de l’article :

Dupont C., Marchand G., Carrion Y., Desse-Berset N., Gaudin L., Gruet Y., Marguerie D., Oberlin C., 2010 - Beg-an-Dorchenn : une fenêtre ouverte sur l’exploitation du littoral par les peuples mésolithiques du sixième millénaire dans l’ouest de la France. Bulletin de la Société Préhistorique Française, 107-2, pp.227-290.


Fig. 1. Vue général des coquilles issues du refus de tamis supérieur à 5 mm (Prélèvement 2001 Carré D passe 4, photo : C. Dupont).
Fig. 1. Overall view of the shells of the sieved sample (> 5 mm, Survey 2001 Square D level 4, photo : C. Dupont).

Résumé

Le niveau coquillier de Beg-an-Dorchenn (Plomeur, Finistère) a fait l’objet d’une étude interdisciplinaire visant, d’une part à calculer la valeur de l’effet réservoir pour cette zone du littoral atlantique, d’autre part à comprendre comment les hommes du Mésolithique installés à proximité de la mer ont exploité leur environnement, à partir notamment d’un sondage de 2 m² réalisé en 2001. Par la datation conjointe de sept coquilles et d’un charbon, il semble que l’âge apparent de la mer à cet endroit au Mésolithique final soit de 180 ± 65, avec un ΔR de -260 ± 65. La date de constitution de ce niveau coquillier se place dans l’intervalle 5640 – 5550 avant notre ère. Le tamisage fin (2 mm) opéré sur le site permet d’obtenir une vision plus complète du mode de vie et des industries lithiques. Ce mode d’échantillonnage montre que de petits restes autrefois négligés comme les fragments de doigts de crabe sont les témoins de ressources alimentaires qui ont pu composer une part non négligeable des régimes alimentaires. Les armatures lithiques sont principalement des trapèzes symétriques à troncatures concaves caractéristiques du faciès Beg-er-Vil du Téviecien. Les ressources marines identifiées (coquillages, crabes, poissons, oiseaux) correspondent à une exploitation très diversifiée des environnements marins accessibles près du site de Beg-an-Dorchenn à marée basse. Les mammifères terrestres et les végétaux correspondent également à une exploitation locale des ressources. La combinaison des moments potentiels d’accès à l’ensemble des ressources alimentaires permet d’émettre des hypothèses quant au mode de résidence de ces dernières populations mésolithiques. Si des marqueurs indiquent clairement une occupation à la belle saison (poissons et coquillages), la disponibilité des ressources marines autoriserait une occupation à n’importe quel autre moment, en continu ou non.

 

Abstract

 

The shelly deposit of Beg-an-Dorchenn was the subject of an interdisciplinary study. The first aim of our work is to calculate the value of the sea reservoir effect for this area of the Atlantic littoral. The second one is to understand how the Mesolithic people have lived near the sea in exploiting their environment. The results presented are mainly based on a limited archaeological survey of 2 m² carried out in 2001. Seven shells and a charcoal have been dated to calculate the apparent age. This value has been estimated for this Mesolithic place to 180 ± 65, with a ΔR of -260 ± 65. The date of constitution of this shelly level is placed in interval 5640 - 5550 BC. The fine sifting (2 mm) applied to this deposit offers a very complete vision of the lifeway of these Mesolithic people: microlithic industry, exploitation of the marine and terrestrial environments. This sampling shows that small remainders as the fragments of crab fingers are the witnesses of alimentary resources which could compose a considerable part of the food of these Mesolithic people. The arrowheads are made mostly by two troncatations with a symetrical shape, as usual in the Teviecian. The identified marine resources (shells, crabs, fishes and birds) correspond to a diversified exploitation of maritime environments accessible during low tides near Beg-an-Dorchenn. The terrestrial mammals and vegetation exploited also correspond to a local exploitation of the resources. The combination of the potential moments of access of the whole alimentary resources makes it possible to put forth assumptions of the residence of these last Mesolithic populations.