Dupont C., Mougne C., 2015 – Comme une bernique sur son rocher : les coquillages marins reflètent-ils l’adaptation des populations humaines au milieu insulaire du Mésolithique à l’âge du Fer ? In L. Audouard, B. Gehres « Somewhere Beyond The Sea » Les îles bretonnes (France) : perspectives archéologiques, géographiques et historiques « Somewhere Beyond The Sea ». BAR S2705. Archeopress, Oxford, ISBN 978 1 4073 1356 6, 22-33.

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Malacological assemblages linked to food in function of the chronology ; A-Mesolithic, B- Neolithic, C- Bronze Age, D- Iron Age

Spectres malacofauniques liés à l’alimentation en fonction de la chronologie ; A- Mésolithique : 11- Hoedic ; B- Néolithique : 4- Beg ar Loued, 6- Lédénès Vihan de Quéménès, 7- Béniguet-3, 8- Béniguet -104, 10- Er Yoh, 12- Groah Denn, 14- Dolmen de la Planche à Puare, 15- Tabernaudes, 16- Les Gouillauds, 17- Ponthezières, 18- La Perroche ; C- Age du Bronze et Campaniforme : 1- Tariec vraz, 2- Mez Notariou, 3- Balanec, 4- Beg ar Loued, 19- Plage de l’Ecuissière, 20- Passe de l’Ecuissière ; D- Age du Fer : 2- Mez Notariou, 5- Trielen, 9- Ile aux Moutons, 13- Port-Blanc.

 

Résumé

 

La découverte de sites archéologiques ayant livré des ressources marines en milieu insulaire est en grande partie liée aux facteurs d’érosion naturelle. De plus, l’absence de la pression immobilière associée à des couvertures dunaires imposantes et l’absence de liaisons régulières par bateaux a permis, sur certains îlots, de préserver le patrimoine archéologique.

L’ancienneté de ces assemblages est similaire à celle des dépotoirs coquilliers qui sont trouvés côté continent. Ainsi, il faut attendre la fin du Mésolithique pour observer des dépotoirs alimentaires anthropiques. Il ne faut cependant pas pour autant en déduire que la consommation de ces fruits de mer a été boudée par leurs prédécesseurs. En effet, si les fluctuations du niveau marin ont accéléré la découverte de certains sites archéologiques, elles ont en parallèle participé à leur destruction, à leur ensevelissement sous les eaux ou le sable. Ces derniers phénomènes se vérifient d’autant plus pour les sites du Paléolithique.

Malgré un nombre de sites mésolithiques côtiers réduit témoignant de l’exploitation d’invertébrés marins, les comportements côté îles ne semblent pas se différencier du littoral continental. Ce constat ne semble pas se vérifier pour les périodes qui suivront. Au Néolithique, si les populations installées sur les îles consomment toujours des coquillages et crustacés marins, ceux du continent semblent quant à eux tournés le dos à la mer. Au fil de la chronologie, certaines activités basées sur l’exploitation de la coquille (façonnage de perles) ou du coquillage (extraction de colorant) vont se spécialiser. L’investissement technique devient tel que les produits finis apparaissent être à haute valeur ajoutée. La présence de telles activités en milieu insulaire est-elle simplement liée à l’accessibilité de la ressource ou témoigne-t-elle d’une volonté de contrôler l’exportation du produit fini ?

Les populations insulaires ont su tirer partie et s’adapter à toute la diversité des environnements et des ressources proposée par les estrans. Ainsi, la multiplicité des activités liées aux mollusques marins se dessine tout au long de la chronologie. Qu’ils soient aliments du quotidien, repas exceptionnels, éléments de teinture, ornements corporels, matériaux de construction ou outils, les coquilles et coquillages semblent avoir été exploités sous toutes leurs formes en milieu insulaire.

 

Abstract

The discovery of archeological sites, showing marine resources in island context, is largely connected to factors of natural erosion. Furthermore, the absence of a real estate pressure associated with huge dunes and the absence of regular connections by boats allowed, on certain islands, to protect the archaeological heritage.

The age of these assemblages is similar to that of shell-middens which are found on the continent. So, it is necessary to wait for the end of the Mesolithic to observe anthropological shell-middens. You should not deduct however that the consumption of these seafoods was stayed away by their predecessors.

Indeed, if the fluctuations in the marine level accelerated the discovery of some archeological sites, they took part, in parallel, in their destruction, in their burial under waters or sand. These last phenomena come true all the more for the Palaeolithic sites.

In spite of a reduced number of coastal Mesolithic sites, the exploitation of marine invertebrates, the behavior on islands does not seem to differ from the continental coast. This report does not seem to come true for the periods which will follow. During the Neolithic, if the populations settled on islands always consume shells and crustaceans, those of the continent seem to turn the back on the sea. In the course of the chronology, certain activities based on the exploitation of the shell (manufacture of beads) or of the seashell (extraction of dye) are going to specialize. The technical investment becomes such as finished products appear to be for high added value. Is the presence of such activities in island environment simply connected to the accessibility of the resource or does it testify of a wish to check the export of the finished product?

The island populations knew how to take advantage and adapt themselves to all the diversity of the environments and the resources proposed by seashores. So, the multiplicity of the activities connected to the marine mollusks takes shape throughout the chronology. Whether they are daily food, exceptional meals, elements of dye, ornaments, building materials or tools, shells and seashells seem to have been exploited under all their forms in island environment.

 

Mots-clés : Préhistoire, Protohistoire, coquillages, île, alimentation, parure, teinture

 

Keywords: Prehistory, Protohistory, shells, island, food, ornament, dye