Dupont C., Gruet Y.,  2012 – Les faunes marines : invertébrés marins. In : Joussaume R. (ed.), L’enceinte néolithique de Champ-Durand à Nieul-sur-l’Autize (Vendée), Mémoire XLIV, Chauvigny : Ed. Association des Publications Chauvinoise – A.P.C. ISBN 979-10-90534-08-7, 219-242.



Mollusques marins majoritaires dans les sites néolithiques du marais poitevin (Dupont et Gruet 2012, DAO L. Quesnel et C. Dupont, fond de carte d’après Verger 2005) / Majority marine shells in the Neolithic sites of the marsh of Poitou (Dupont & Gruet 2012, CAD L. Quesnel & C. Dupont, after the map of Verger 2005

 

 

Résumé

Les coquillages ont été utilisés à Champ-Durand dans deux activités : l’alimentation et la parure (Cf. Chapitre Luc). Les coquillages qui participent aux repas des occupants de Champ-Durand ne sont pas les mêmes que ceux qui interviennent dans leur sphère culturelle. Cette distinction a été notée à l’échelle de la façade atlantique de la France (Dupont 2006) voir de l’Europe et montre que la recherche de matière première pour confectionner des parures ou de ressources alimentaires sont deux activités bien distinctes. Notons également que, contrairement à ce qui est connu à Auzay (Gruet 1993), à Diconche (Saintes, Gruet et al. 1999) ou à Pont-Bordeau (Saintes, Dupont inédit) aucune des coquilles observées à Champ-Durand ne témoigne de son utilisation en tant qu’outil.

La représentation quasi-exclusive des coquillages en tant ressources marines, l’exploitation tournée autour de seulement une à deux espèces, les faibles quantités de coquilles découvertes à Champ-Durand et les analyses isotopiques réalisées sur les squelettes de Champ-Durand vont dans le sens d’un apport secondaire de cette denrée dans le menus des occupants de l’enceinte. Cette caractéristique semble généralisable à l’ensemble des enceintes du pourtour du marais poitevin, il peut s’expliquer par plusieurs raisons. L’apport alimentaire fourni par les ressources carnées issues de l’élevage et par les ressources végétales était suffisant pour permettre à la population de Champ-Durand de se nourrir. Les coquillages étaient alors un « plus » qui agrémentait l’ordinaire mais n’avait rien d’une nécessité. La collecte des coquillages était alors une activité expéditive réalisée dans la proximité du site. Nous avons vu que les coquillages exploités sont le reflet de l’environnement proche et que cette observation est un point commun à l’ensemble des enceintes du pourtour du marais poitevin. Elle est généralisable à l’ensemble de la façade atlantique de la France (Dupont 2006). Les faibles quantités observées et la focalisation de la collecte sur seulement deux espèces pourraient aussi en partie s’expliquer par un accès limité au territoire côtier qui se partage entre les différentes habitats du Néolithique récent installés sur le pourtour du marais. Malgré le faible apport alimentaire que semble représenter les coquillages à Champ-Durand, la lecture des rythmes de croissance de la palourde ou sclérochronologie tendent à montrer une consommation tout au long de l’année. La seiche a quant à elle pu être consommée entre le printemps et l’été.

La scrobiculaire et la palourde dominent le corpus. Ces deux bivalves ont été consommés le long de la façade atlantique de la France au moins dès le Mésolithique et font partie des coquillages régulièrement trouvés dans les contextes du Néolithique de notre territoire (Dupont 2006). A Champ-Durand ils sont les témoins directs de l’environnement marin auquel avait accès les occupants de cette enceinte : une vasière qui subissait à la fois les influences marines et des apports en eaux douces. Le marais poitevin n’était pas encore comblé et fonctionnait alors comme une large baie torturée de chenaux et subissant le rythme des marées.




Paléoenvironnements représentés par les mollusques étudiés dans les sondages du marais poitevin (unité utilisée : la masse des restes coquilliers ; analyse malacofauniques : Dupont et Gruet 2012, Y. Gruet ; DAO C. Dupont) / Paleoenvironments represented by mollusks studied in the boring of the marsh of Poitou (unit: mass of shells; shells analysis: Dupont & Gruet 2012. Gruet; CAD C. Dupont)