Mougne C., Dupont C., Baudry A., Dréano Y., 2011– Exploitation des ressources animales à l’âge du fer. In : M.-Y. Daire (ed.), Le site de l’Âge du Fer de Dossen Rouz, à Locquémeau-Trédrez (Côtes d’Armor) Etude pluridisciplinaire. In Daire M.-Y. (ed.), Sur les rivages de la Manche... Le site de l’Âge du Fer de Dossen Rouz à Locquémeau-Trédrez (Côtes d’Armor), étude pluridisciplinaire. Les dossiers du centre régional archéologique d’Alet, n°AH,ISSN 0399-6662, 93-125.

 

 

Détermination des échinodermes présents sur le site de Dossen Rouz (DAO C. Mougne)/ Determination of sea urchins in Dossen Rouz (CAD C. Mougne)

 

 

Résumé

L’étude malacologique présente un développement méthodologique en lien avec la position du site archéologique sur l’estran. L’analyse de l’amas coquillier moderne a permis d’expliquer les origines potentielles de cette accumulation en partie naturelle, de déterminer les espèces intrusives au sein du niveau archéologique proprement dit et ainsi d’obtenir des données plus fiables sur l’exploitation des invertébrés marins dans un but alimentaire. Cette étude a montré que le niveau de La Tène moyenne phase 2 placé juste dessous l’accumulation coquillière moderne, et actuellement localisé sur estran, était beaucoup plus perturbé par des petits coquillages intrusifs, tandis que le niveau de la phase 1, situé plus près de la mer (bas estran), semble arasé en surface par l’érosion marine.

 

L’exploitation des ressources marines à l’époque gauloise est caractérisée par la présence de la moule, coquillage le plus consommé à Dossen Rouz à la phase 1, et par la patelle, mollusque majoritaire de la phase 2. Cette différence reste à prendre avec précaution car nous avons accès sur ce site archéologique à une vision très partielle du régime alimentaire des occupants de Dossen Rouz. Plusieurs hypothèses peuvent néanmoins expliquer ces différences : la saison de collecte, la présence d’un environnement marin plus abrité durant la phase 1, une surexploitation de la moule dans le temps. Les habitants de ce site ont aussi pu privilégier un bivalve « la moule » puis se porter sur un autre coquillage « la patelle » pour des raisons gustatives et/ou culturelles.

 

Les habitants gaulois de Dossen Rouz exploitaient exclusivement le milieu rocheux durant les deux séquences chronologiques, environnement proche de l’habitat. Les patelles et les moules ont été largement collectées sans doute en raison de leur accessibilité quotidienne à marée basse et sans doute de leur abondance sur l’estran. A La Tène moyenne phase 2, le panel des espèces exploitées s’élargit aux taxons accessibles uniquement à partir du bas niveau de l’estran, avec le ramassage de l’ormeau. Ce coquillage semble être collecté de manière exceptionnelle au vu des données archéozoologiques disponibles.

La sélection des invertébrés marins s’est portée sur des individus moyens à grands sur les deux phases d’occupation. Cette collecte pouvait être réalisée sur plusieurs saisons et une présence quotidienne des habitants sur Dossen Rouz n’est pas à exclure sur toute l’époque gauloise.

 

L’oursin violet (Paracentrotus lividus), rarement trouvé et étudié sur les sites archéologiques côtiers, est présent dans les deux séquences chronologiques. Il est probable qu’il ait été collecté à des fins alimentaires. Les crustacés décapodes (crabes) sont plus rares. Mais leur présence souligne la diversité des ressources utilisées par ces anciennes communautés.