Classification des rejets coquilliers de la façade atlantique française (Dupont 2005)

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Qu’ils soient appelés suivant les pays : amas coquilliers, kjökkenmödding, kjökkenmöddinger, kjoekkemoeding, kaizuka, concheros, shell midden et sambaquis, les rejets coquilliers souffrent d’un manque de définition.

Ils sont des lieux où les populations rejettent leurs déchets, où, parfois, elles vivent et où enterrent leurs morts (Rozoy 1978, Andersen 1993, Armit et Finlayson 1992, Cauwe 2001). Ils peuvent présenter selon les régions et les périodes observées des formes et des volumes très variables. Plusieurs essais de classification des amas coquilliers anthropiques ont été tentés qui prennent en compte, la composition malacofaunique des dépôts, la présence ou non d’artefacts liés à d’autres activités et leur position géographique (Claassen 1991, Andersen 1993). Cependant, la variabilité des restes coquilliers en fonction de la zone géographique où ils sont découverts est telle qu’aucune des classifications existantes n’a pu être appliquée à ceux de la façade atlantique de la France. D’autre part, comme le montre R. Chenorkian la détermination d’amas coquilliers a pu être appliquée à des sites archéologiques tandis que les coquilles représentaient une infime fraction du site (Chenorkian 1988). Ce problème de terminologie et cette lacune du vocabulaire a encouragé l’établissement d’une classification des rejets coquilliers adaptée à ceux trouvés le long de la façade atlantique de la France. Les critères utilisés pour différencier les rejets coquilliers sont le mode de dépôt, la morphologie de l’ensemble du rejet et le volume des coquillages observés dans notre zone d’étude. Tout d’abord, la position des rejets par rapport au substrat est prise en compte. Ensuite, le terme de lit coquillier a été utilisé quand les coquilles sont déposées sous forme de couches horizontales. Ceux d’amas et de dépôt coquillier soulignent un aspect plus massif du rejet. La différenciation entre amas et dépôt coquillier est seulement liée au volume de ces accumulations. Cette classification n’est pas exhaustive et n’a de valeur que pour la zone géographique où elle a été établie : la façade atlantique de la France. Elle est, bien sûre, susceptible d’être modifiée en fonction de nouvelles découvertes.

Si cette classification est appliquée aux rejets coquilliers du Mésolithique de la façade atlantique de la France, tous sont des amas coquilliers (Téviec, Hoëdic, Beg-er-Vil, Beg-an-Dorchenn, Beg-an-Tour, Saint-Gildas 1b) à l’exception du dépôt coquillier de Saint-Gildas 1c. Saint-Gildas 1c se situe sur le même promontoire rocheux que Saint-Gildas 1b et ses dimensions lors de la découverte étaient d’environ de 2,50 mètres de long par 0,80 mètre de large et de 0,25 mètre au-dessus du sol (Rozoy 1978). L’épaisseur maximale décrite pour les amas coquilliers mésolithiques de la façade atlantique est d’un mètre.

Le terme d’amas coquillier peut s’appliquer à des dépôts plus récents comme ceux des buttes de Saint-Michel-en-L’Herm datées du 12e s. ap. J.-C. de plus de 10 mètres de haut (Baudoin 1917) ou de Granville qui vers 1830 mesurait de 2 à 3 mètres de haut (Levesque 1982).

 

 

Références bibliographiques

 

Andersen S.H., 1993, Bjørnsholm. A stratified køkkenmødding on the central Limfjord, North Jutland. Journal of Danish Archaeology, 10, pp.59-96.

Armit I., Finlayson B., 1992, Hunter-gatherers transformed : the transition to agriculture in northern and western Europe.Antiquity, 66, pp.664-676.

Baudoin M.,1917 – Les buttes d’huîtres des Chauds à Saint-Michel-en-L’Herm (Vendée), démonstration d’un monument cultuel de type des tertres animaux en forme de serpent et d’origine nordique : actions humaines exécutées sur huîtres entières, Bulletin de la Société Préhistorique Française, 2ème édition Paris, 1916, 64p.

Cauwe N., 2001, L’Héritage des Chasseurs-cueilleurs dans le Nord-Ouest de l’Europe 10000-3000 avant notre ère. Paris, Éditions Errance, Collection des Hesperides, 207 p.

Chenorkian R., 1988, Fouilles des dépôts coquilliers anthropiques. Aix-en-Provence, Travaux du Laboratoire d’anthropologie et de Préhistoire des Pays de la Méditerranée Occidentale, pp.31-38.

Claassen C., 1991, Normative thinking and shell-bearing sites. Archaeology Method Theory, 3, pp.249-298.

Dupont C., 2005 – Les coquillages alimentaires des dépôts et amas coquilliers du Mésolithique récent / final de la façade atlantique de la France : de la fouille à un modèle d’organisation logistique du territoire. Préhistoire, Anthropologie Méditerranéennes 2003, tome12, pp.221-238.

Dupont C., 2006 – La malacofaune de sites mésolithiques et néolithiques de la façade atlantique de la France : Contribution à l’économie et à l’identité culturelle des groupes concernés, British Archaeological Reports, Archeopress, Oxford, International Series 1571, 439 p.

Levesque J., 1982 – Granville et la Pêche, au temps des Terre-Neuvas. Editions Charles Corlet SARL, 143p.

Rozoy J.G., 1978, Les derniers chasseurs. L’Epipaléolithique en France et en Belgique. Essai de synthèse. Charleville, Éditeur Escalon de Fonton, 2 vol., 1256 p.