La simplicité apparente de la définition précédente ne doit pas cacher une difficulté essentielle à définir des processus généralisés : les ensembles exceptionnels (de mesure nulle) sur lesquels les conditions de linéarité ou de continuité ne soient pas vérifiées dépendent des constantes ou des fonctions ou respectivement. L'ensemble de ces paramètres étant non-dénombrable, il n'y a pas de garantie automatique que la réunion des ensembles exceptionnels est de mesure nulle. Ce n'est qu'à cause de la structure topologique particulière de l'espace que l'on peut construire des fonctionnelles remplissant les conditions de la définition précédente (voir Vol. 4 du livre de [GEL'FAND ET AL.]).
Par conséquent, un processus généralisé gaussien est défini de
manière unique par une fonctionnelle linéaire et continue telle que
Il est bien connu que toute fonction localement intégrable définit une distribution dans , il suffit en effet de définir pour toute fonction test . De la même manière, on peut regarder le mouvement brownien (qui est un processus ordinaire localement intégrable) comme processus généralisé gaussien. En effet, on a le
La première égalité est évidente à cause du théorème de Fubini. Pour
la seconde, on a, de nouveau par Fubini :
Maintenant, cette formulation permet de définir la dérivée du mouvement brownien (qui est, on rappelle, un processus nulle part dérivable au sens habituel du terme) comme un processus généralisé ; le mouvement brownien est dérivable au sens de distributions !
On dénote formellement qui existe au sens de
distributions. On a alors, en vertu des propriétés de dérivabilité des
distributions de , pour toute fonction , que
. Il est alors évident que la fonctionnelle espérance est
identiquement nulle. Pour la fonctionnelle covariance, en dénotant par
une primitive de , on a :
Le théorème précédent donne un sens précis à l'affirmation, faite au début de ce paragraphe, que la covariance du bruit blanc est une masse de Dirac. En effet, on a montré que .