Cyril Pujol, étudiant en master 1 ingénierie mécanique
à l'université de Rennes 1 avec Alan Stivell. | Ouest-France
Le pôle mécanique et de technologie du campus universitaire de Beaulieu à
Rennes a élaboré les leviers pour accorder l'instrument et changer de tonalité.
« Ce qui m'intéresse, c'est l'innovation, la recherche. » Des harpes,
Alan Stivell en a déjà imaginé une vingtaine depuis le début de sa carrière. Il
a été dans les premiers à introduire la harpe dans l'univers du rock. « Une
harpe traditionnelle amplifiée ne pose pas de problème quand le son n'est pas
trop fort. En revanche, entouré de guitares, d'une batterie, il est nécessaire
de faire évoluer l'instrument », explique-t-il.
Un prototype
À chaque fois, c'est un prototype, une harpe expérimentale, que le multi-instrumentiste
breton fait réaliser sur mesure par un luthier qui suit ses dessins à la
lettre. La dernière en date est inspirée des harpes paraguayennes d'Amérique
latine avec, contrairement à la harpe traditionnelle celtique, des cordes
centrales. « Le cahier des charges s'affine d'un prototype à l'autre. Là,
j'arrive à une harpe plus légère, moins encombrante, idéale pour les
déplacements. »
C'est un luthier spécialisé dans les guitares électriques qui s'est penché
sur la fabrication de cette harpe qui serait un peu « l'enfant d'une harpe
et d'une guitare électrique ». Seul problème: concevoir les 34
leviers qui appuient sur les cordes, et permettent de changer de tonalité et
d'accorder la harpe, « des leviers efficaces, justes, pour gagner en rapidité.
C'est aussi une harpe qui se désaccorde beaucoup moins ».
Alan Stivell s'est d'abord tourné vers l'école des Beaux-arts, qui s'est
rapprochée du pôle mécanique et de technologie de l'université de Rennes 1 qui
fabrique des pièces pour la recherche et conçoit des systèmes innovants.
Cyril Pujol, étudiant en master 1 ingénierie mécanique, épaulé par des
techniciens de l'atelier, s'est penché sur l'instrument. Guitariste, il s'est
fait expliquer par le luthier le fonctionnement de la harpe pour travailler
l'ergonomie, la souplesse, l'esthétique. Choix des matériaux, élaboration des
plans, fabrication assistée par ordinateur, essais, réglage, « on a tout
harmonisé en termes de poids et de rendu. Et ce qui m'a plu, c'est la finalité.
»
En effet,Alan Stivell doit attaquer les répétitions avec sa nouvelle
harpe ces jours-ci, avant une résidence à l'Ubu à Rennes les 3, 4 et 5 février
et une tournée qui démarre à Vierzon le 11. Restera ensuite, une nouvelle
étape, la mise au point du pilotage électronique des leviers. « Un rêve
d'enfant ! », confie Alan Stivell.