La théorie des singularités a originellement pour but la classification et la hiérarchisation
de la géométrie des ensembles dits singuliers, c'est-à-dire des ensembles qui ne sont pas
partout localement semblables à des espaces euclidiens, géométriquement rudimentaires.
En réalité cette étude n'est possible
que lorsque subsistent encore des propriétés de régularité pour les singularités en questions ;
ainsi les objets à l'étude ne sont-ils pas radicalement sauvages, mais jouissent toujours d'une géométrie
modérée. Il s'agit alors de mettre en évidence la régularité-même des singularités de ces bons ensembles
singuliers, garante d'une certaine pertinence prédictive lorsque ceux-ci rendent compte par exemple des
phénomènes physiques ou économiques complexes aussi bien que strictement et fondamentalement mathématiques.
Les débuts de la théorie, en tant que théorie autonome, sont rattachés aux travaux de O. Zariski, H. Whitney
R. Thom (1) et J. Milnor (2), dans les années 1950-60. Celle-ci connaît des succès remarquables notamment avec le théorème
de résolution des singularités de H. Hironaka (3) ou les théorèmes d'isotopie de Thom-Mather, tous deux dans l'esprit
évoqué ci-dessus consistant à déceler la régularité des singularités et assembler, ce qui parmi le singulier et au-delà de
celui-ci, se ressemble.
L'histoire présente de la théorie combine des approches toujours plus nombreuses et fondamentales, faisant
appel à quasiment tous les domaines des mathématiques. Ont ainsi leur part la géométrie et la topologie algébriques,
la géométrie différentielle, la théorie de la mesure et l'analyse.
L'objectif de notre projet est de développer l'étude des singularités dans le cadre réel, en se concentrant sur la situation
typique des déformations analytiques (les fibres de Milnor). Les parentés avec les cadres complexes et p-adique
enrichiront cette étude en amont et en aval et apporteront peut-être un nouvel éclairage sur des problèmes difficiles.
(1), (2), (3) Médaille Fields 1958, 1962, 1970
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