Archives du séminaire de calcul formel et complexité
2014-2015



Vendredi 19 septembre 2014
Xavier Caruso (IRMAR)

Résultants et sous-résultants de polynômes p-adiques

Expérimentalement, on constate que l'utilisation de l'algorithme d'Euclide étendu pour le calcul du PGCD et des coefficients de Bézout de deux polynômes p-adiques conduit à une importante instabilité numérique. En effet, pour des polynômes aléatoires unitaire de degré d, on déplore en moyenne une perte d'environ d/p chiffres significatifs sur chaque coefficient alors que la perte théorique n'est (en moyenne) que de 1/(p-1) chiffres significatifs ! Le but de cet exposé sera double. Je commencerai par énoncer un panel de résultats et conjectures sur les résultants et sous-résultants de polynômes p-adiques aléatoires et en déduirai les estimations sur les pertes de précision énoncées précédemment. Dans un deuxième temps, je présenterai une version « stabilisée » de l'algorithme de calcul des sous-résultants par les suites de pseudo-restes d'où je déduirai un algorithme de calcul de PGCD de polynômes p-adiques qui a une complexité équivalente à celle de l'algorithme d'Euclide mais réalise, à un chouia près, la perte de précision théorique optimale.

Chair : D. Boucher

Vendredi 24 octobre 2014
David Lubicz (IRMAR)

Calculer des isogénies entre variétés abéliennes en temps quasi-optimal

Dans cet exposé, on explique comment généraliser à la dimension supérieure le classique algorithme de Vélu qui permet de calculer une isogénie entre courbes elliptiques. Plus précisément, on explique comment à partir de la donnée d'une variété abélienne munie d'une polarisation principale ainsi qu'un noyau rationnel isotrope maximal pour le couplage de Weil, on peut calculer la variété abélienne quotient de manière efficace.

Du Lundi 3 novembre au Vendredi 7 novembre 2014 : JNCF 2014 au CIRM 

Mardi 18 novembre 2014, 10h30, salle 16
Eric Schost (Computer Science Department, University of Western Ontario) 

On the Complexity of Solving Bivariate Systems 

We present an algorithm for solving bivariate polynomial systems with coefficients in $\mathbb{Q}$ with essentially optimal bit complexity. The core of the algorithm is a classical Newton iteration procedure. New ingredients are needed, though, such as Kedlaya-Umans' modular composition algorithm and deflation techniques due to Lecerf.
Joint work with Esmaeil Mehrabi.

Chair : M.-F. Roy

Vendredi 21 novembre 2014
Audrey Tixier (INRIA Rocquencourt)

Reconstruction du couple (entrelaceur, code convolutif) à partir de données bruitées 

Dans un contexte non-coopératif, des données sont observées sur un canal de communication bruité. Celles-ci correspondent à un ensemble de mots de code entrelacés et bruités. L'objectif est de retrouver l'information contenue dans ces données. Pour cela, il est nécessaire de reconstruire l'entrelaceur et le code correcteur utilisés. Les mots de codes sont entrelacés avant émission afin de contrer les erreurs survenant par paquet. L'entrelacement permet de répartir les erreurs sur plusieurs mots de code qui peuvent alors être corrigés et décodés. Par hypothèse, la longueur de l'entrelaceur est connue. Dans la littérature, il n'existe pas de méthode permettant de retrouver le couple (entrelaceur, code) sans hypothèse supplémentaire sur la structure de l'entrelaceur. De plus, dans les cas étudiés, les données sont sans erreur. Nous supposons que le code utilisé est un code convolutif et proposons une méthode qui retrouve efficacement l'entrelaceur et le code convolutif à partir de données bruités, connaissant uniquement la longueur de l'entrelaceur. Afin de reconnaître ce couple, trois étapes sont effectuées, la première consiste à retrouver un ensemble d'équations de parité vérifiées par les mots de code. Lors de la seconde étape, nous construisons un graphe associé à ces équations. Dans ce graphe, les sommets représentent une équation de parité et chaque arête symbolise un indice commun entre les deux équations qu'elle relie. Une notion d'équivalence de graphe est définie et permet la reconnaissance du code convolutif. Enfin, à partir de ce même graphe, nous réordonnons les équations de parité, cela permet alors de reconstruire l'entrelaceur.

Chair : P. Loidreau

Vendredi 28 novembre 2014
Pierre-Jean Spaenlehauer (INRIA Nancy) 
A Newton-like iteration and algebraic methods for Structured Low-Rank Approximation 

Given an linear/affine space of matrices E with real entries, a data matrix U in E and a target rank r, the Structured Low-Rank Approximation Problem consists in computing a matrix M in E which is close to U (with respect to the Frobenius norm) and has rank at most r. This problem appears with different flavors in a wide range of applications in Engineering Sciences and symbolic/numeric computations (for instance approximate GCD and low-rank matrix completion).
We propose an SVD-based numerical iterative method which converges locally towards such a matrix M. This iteration combines features of the alternating projections algorithm and of Newton's method, leading to a proven local quadratic rate of convergence under mild tranversality assumptions. We also present experimental results which indicate that, for some range of parameters, this general algorithm is competitive with numerical methods for approximate univariate GCDs and low-rank matrix completion.
In a second part of the talk, we focus on the algebraic structure and on exact methods to compute symbolically the nearest structured low-rank matrix M to a given matrix U in E with rational entries. We propose several ways to recast this problem as a system of polynomial equations and investigate the algebraic degree of the problem.
The first part of the talk is a joint work with Eric Schost, the second part is a joint work with Giorgio Ottaviani and Bernd Sturmfels.

Chair : T. Vaccon

Vendredi 12 Décembre 2014, salle de la bibliothèque
Tony Ezome (USTM, Franceville, Gabon)

Fonctions sur les variétés jacobiennes et leurs quotients 

Dans cet exposé nous allons montrer comment évaluer des fonctions sur les variétés jacobiennes et leurs quotients. Nous commencerons par rappeler ce qui a été fait pour les courbes elliptiques, notamment avec les isogénies de Velu. Le cas des jacobiennes des courbes de genre 2 a été étudié par Dolgachev et Lehavi. Leur approche a été reprise et améliorée par Smith. Lubicz et Robert ont développé des méthodes générales pour quotienter les variétés abéliennes par des sous-groupes maximaux d'isotropie dans la $l$-torsion.

Chair : S. Duquesne

Vendredi 23 Janvier 2015
Pierre Loidreau (IRMAR) 

Codes cellulaires et applications cryptographiques 

Dans le domaine de la cryptographie à clé publique reposant sur les codes correcteurs d'erreurs, un problème essentiel pour les concepteurs de systèmes est de parvenir à gérer la très grande taille de clé publique nécessaire pour assurer une sécurité convenable. Un moyen consiste à utiliser des codes structurés tels les codes quasi-cycliques qui permettent des représentations compactes de la clé publique. Cependant, même si en théorie la sécurité des systèmes n'en est pas affectée, dans la pratique la structure algébrique sous-jacente est très peu considérée dans la mise au point d'attaques.
Dans cet exposé nous étudions une famille de codes généralisant la notion de codes quasi-cycliques. La matrice génératrice est formée de "cellules" qui sont des matrices carrées prises dans une algèbre de matrices engendrée par un polynôme. Nous montrons qu'un diviseur de ce polynôme permet d'engendrer des codes "projetés" de paramètres plus petits. Nous étudions les effets de cette projection sur le décodage et la recherche de mots de petit poids dans des codes quasi-cycliques tant en métrique de Hamming qu'en métrique rang. Nous montrons comment cette approche peut réduire la complexité des attaques déjà connues, en fonction du poids du polynôme considéré ou bien de l'espace de ses coefficients.

Chair : D. Boucher

Vendredi 27 Février 2015
Louis Dumont (INRIA Saclay - Specfun)
Algebraic equations for diagonals of bivariate rational functions 

The diagonal of a multivariate rational function is defined as the univariate series obtained from the diagonal coefficients of its power series expansion. Among the fascinating properties of these objects it has been known for a long time that diagonals of bivariate rational functions are algebraic power series. We will give an algorithm that, given a bivariate fraction that admits a power series expansion at the origin, returns a polynomial that vanishes at its diagonal. Moreover, the output polynomial has exponential degree compared to the input rational function. We show that, generically, this cannot be improved : the output polynomial is irreducible and is computed in time quasi-optimal in its size.

Chair : D. Boucher

Vendredi 13 Mars 2015
Jacques-Arthur Weil (Xlim)
Un critère constructif d’irréductibilité d’équations différentielles non-linéaires, avec applications aux équations de Painlevé II et III (travail commun avec Guy Casale) 

Chair : D. Boucher

Vendredi 22 mai 2015, exceptionnellement en salle 6
Franck Dupont (Poitiers)
Formule d'Euler Jacobi torique

Nous considérerons dans l'exposé, une famille de n polynômes de Laurent à n indéterminées à coefficients complexes et indexés par leurs polytopes de Newton. Il est alors possible de définir un symbole de Kronecker dans le tore relativement à cette famille de polynômes sous certaines conditions de régularité. Ce symbole de Kronecker coïncide avec le résidu global dans le tore et sa construction décrite par M. F. Roy et A. Szpirglas [Roy, M.F. et Szpirglas, A. (avril 1998). Bezoutien et symbole de Kronecker affines, projectifs et dans le tore (prépublication 98-15), IRMAR] fait écho aux travaux de E. Cattani et A. Dickentein [Cattani, E. et Dickenstein, A. (1997). Théorème 4 p. 125-126 : A global view of residues in the torus, J. Pure Appl. Algebra 117/118] qui ont montré que le résidu global dans le tore s'identifie à un résidu torique particulier.
Nous reprendrons brièvement les étapes suivies par M.F. Roy et A. Szpirglas pour construire le symbole de Kronecker dans le tore puis nous montrerons qu'il s'annule en tout caractère t^m où m est un n-uplet entier, intérieur à la somme de Minkowski des polytopes de Newton associés aux polynômes de Laurent.
La démonstration de ce résultat repose pour l'essentiel sur la formule d'Euler Jacobi affine.

Chair : M.-F. Roy 

Vendredi 29 mai 2015
Claire Tête (Poitiers)
Une approche combinatoire pour le fondement du résultant multivarié

Il est bien connu que l'idéal d'élimination de n polynômes homogènes génériques en n indéterminées est principal, engendré par le résultant. Nous en proposons une preuve "élémentaire" qui repose sur la théorie des résolutions libres finies (en particulier leur structure multiplicative) et la théorie de la profondeur. Aucune hypothèse sur l'anneau de base n'est requise. Contrairement à la plupart des auteurs, nous examinons la composante homogène du complexe de Koszul de (P_1, ..., P_n) en degré delta et non delta+1 où delta = \sum_{i=1}^n (deg(P_i) - 1). Cela donne naissance à une forme linéaire sur A[X_1, ..., X_n]_delta qui, évaluée en det V, fournit le résultant (où V est une matrice vérifiant [P_1, ..., P_n] = [X_1, ..., X_n] V). On montrera que cette forme linéaire possède de bonnes propriétés grâce à un résultat purement combinatoire assez étonnant !

Chair : M.-F. Roy


Vendredi 5 juin 2015
Antonin Guilloux (IMJ)
Décrire les variétés de caractères : géométrie et calcul formel

Considérons une variété M et un groupe G (algébrique). Comprendre l'ensemble des morphismes du groupe fondamental de M - la variété (algébrique) des caractères - dans G jette une lumière sur la géométrie de la variété M. A partir d'un exemple précis (M est le complémentaire du noeud de huit, G est SL(3,C)), nous verrons comment l'apport de différents domaines permet la compréhension de cette variété algébrique. Nous discuterons chemin faisant de triangulations topologiques, de paramétrisation de cette variété algébrique, d'un système d'équations trop gros (32 variables, degré 6), et d'informations théoriques a priori. Tout ceci permet la détermination effective de cette variété. Enfin, nous discuterons quelques applications et perspectives.

Travail en commun avec E. Falbel, P.V. Koseleff, F. Rouillier et M. Thistlethwaithe

Chair : M.-F. Roy
 

Vendredi 19 juin 2015, salle de la bibliothèque
Soukayna Qarboua (Université Mohamed V, Rabat &  Lab-STICC Brest)
Construction de fonctions quaternaires courbes, projection et généralisation binaire.

Notre recherche porte sur l’étude et la conception de fonctions booléennes qui jouent un rôle important en cryptographie. Elles sont activement utilisées dans les protocoles de chiffrement itératifs par blocs et par flux et dans la combinaison ou le filtrage de registres à décalage à rétroaction linéaire pour la génération de suites chiffrantes. Les critères cryptographiques que doivent satisfaire les fonctions booléennes sont nombreux et sujets à compromis selon leurs compatibilités. Parmi ces critères, on retiendra l’équilibre, l’immunité aux corrélations, le critère de propagation, la non-linéarité (d’ordre r), le degré algébrique et l’immunité algébrique. Les fonctions booléennes varient avec le système dans lequel elles sont employées et assurent sa résistance aux différents types d’attaques connues comme l’attaque linéaire, l’attaque différentielle, l’attaque par corrélation ou encore l’attaque algébrique et l’attaque algébrique rapide.
Nous présentons ici, une nouvelle construction de fonctions quaternaires courbes à m-variables dont la projection binaire donne des fonctions booléennes à 2m-variables courbes et à (2m + 1)-variables de non-linéarité maximale, ainsi qu’une généralisation de ces projections qui donne dans le cas pair une nouvelle définition vectorielle de la classe de fonctions PS (Partial Spread, Dillon) de degré algébrique maximal et dans le cas impair une nouvelle classe de fonctions Plateau. Pour ces deux classes, les expérimentations numériques menées pour des valeurs de m < 10, témoignent que l’immunité algébrique des fonctions booléennes projetées est optimale (AI = m) dans le cas pair (n = 2m) et bornée (m − 1 ≤ AI ≤ m) dans le cas impair (n = 2m + 1). L’aspect formel de la démonstration de ces propriétés est actuellement en cours.

Chair : D. Boucher

Mercredi 24 juin 2015, 14h
Soutenance de thèse de Romain BASSON
Arithmétique des espaces de modules des courbes hyperelliptiques de genre 3 en caractéristique positive. 

 
Vendredi 26 juin 2015
Gwezheneg Robert (IRMAR)
Codes de Gabidulin et codage espace-temps.

Après avoir présenté le codage espace-temps, j'expliquerai pourquoi il est naturel de vouloir utiliser des codes en métrique rang à coefficients dans le corps des complexes. Je présenterai alors les codes de Gabidulin généralisés ainsi qu'une famille de codes espace-temps obtenue à partir de ces derniers. Nous comparerons alors ces codes avec d'autres constructions classiques.
Ensuite, j'éévoquerai quelques pistes concernant le décodage.
Enfin, la dernière partie sera consacrée à la réduction d'un code de Gabidulin généralisé modulo un idéal premier, et l'impact sur la complexité du décodage.

Chair : D. Boucher

 

Vendredi 3 juillet 2015, 14h30, salle 12, bâtiment 32B
Soutenance de thèse de Tristan VACCON
Précision p-adique.