LA PART DE MARCHE DE LA FRANCE
DANS LE COMMERCE MONDIAL

Une quasi-stabilité en 1999

La part de l'économie française dans le commerce mondial connaît un léger déclin, mais celui-ci n'apparaît pas comme significatif. La France demeure ainsi le quatrième exportateur mondial de marchandises. L'enjeu pour les entreprises françaises est toutefois de se positionner sur des secteurs d'avenir, et d'augmenter leur présence sur certains marchés étrangers - les marchés émergents notamment, qui disposent d'un fort potentiel de croissance.


Un léger tassement

La part de la France (en valeur) dans les exportations mondiales de marchandises est en léger déclin. Cette part de marché s'est établie, selon l'Organisation mondiale du commerce (OMC), à 5,3 % en 1999. Bien que supérieure aux niveaux du milieu de la décennie 1980 (5 %), elle est en recul par rapport à 1990, où elle était de 6,3 %. Les parts de marché en valeur de l'ensemble des grands pays européens diminuent depuis 1990, tout comme celles du Japon, alors que les États-Unis gagnent un point sur cette période (voir tableau 1) et (graphique 1). La France est, dans ce contexte, demeurée le quatrième exportateur mondial de marchandises.

Tableau 1 :
Exportations mondiales de marchandises (en Md$)
  1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999
France 106 97 91 98 102 125 148 168 179 217 217 236 210 235 287 289 290 305 299
Allemagne 176 176 169 172 184 243 294 323 341 421 403 430 380 427 523 524 512 541 541
Royaume-Uni 103 97 94 94 101 107 131 145 152 185 185 190 182 205 242 262 282 274 268
Italie 75 74 73 75 77 97 117 128 141 170 169 178 169 191 234 252 240 242 231
États-Unis 233 212 195 224 219 227 254 322 364 394 422 448 465 513 585 625 689 681 695
Japon 152 138 147 136 130 128 151 187 210 288 315 340 362 397 443 411 421 388 419

Source : OMC.

Parts de marché mondiales des échanges de marchandises (en %)

marche1.gif (12563 octets)

Sources : OMC, calculs DREE 5 B


Le trompe-l'oeil des effets-prix

L'évolution des parts de marché en valeur est toutefois un indicateur délicat à interpréter.

En effet, l'évolution de la part de marché mondiale d'un pays reflète tout d'abord non seulement sa compétitivité intrinsèque, mais aussi la variation des prix des marchandises échangées. Ainsi :

  • l'augmentation du prix du baril accroît la part de marché mondiale des pays exportateurs de pétrole ;
  • une appréciation du dollar réduit automatiquement l'importance dans le commerce mondial des échanges qui ne sont pas libellés en cette monnaie, notamment les échanges intra-européens. Cet effet domine le gain de compétitivité-prix des producteurs européens et se traduit à court terme, par une perte de parts de marché.

Ces deux effets faussent la lecture de nos parts de marché en 1999 :

  • la hausse du cours du brut en 1999 a eu pour effet d'accroître le poids du pétrole dans le commerce mondial de 4 % à 5,5 %, selon les premières estimations, d'où une baisse mécanique de près de 0,1 % de la part de marché française ;
  • l'appréciation du dollar a réduit mécaniquement l'importance dans le commerce mondial des échanges de la France avec ses partenaires européens (échanges non libellés en dollars), d'où une nouvelle diminution de 0,05 % à 0,1 % de la part de marché mondiale de la France.

De ce fait, il est préférable d'employer un indicateur de parts de marché en volume (c'est-à-dire convenablement déflaté) et non en valeur, même si celui-ci ne peut être calculé que sur un nombre plus restreint de pays.


Quasi-stabilité des parts de marché en volume

En volume, l'évolution de la part de marché relative de la France est beaucoup moins heurtée qu'en valeur (voir graphique 2). La part de marché relative de la France en volume (par rapport à 24 pays de l'OCDE) est stable depuis 1990. Elle se tasse très légèrement en 1999 (de 7,9 % à 7,8 %). Elle se maintient ainsi à son niveau moyen des dix dernières années contrairement à la majorité des principaux pays de l'OCDE (léger recul pour l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie, et très fort dans le cas du Japon). En revanche, les parts de marché en volume des États-Unis n'ont cessé de progresser au cours des années 90. Après un déclin très prononcé, les États-Unis ont récemment retrouvé des niveaux de parts de marché similaires à ceux du milieu des années 70.

Mais si la performance française est meilleure que celle de nombre de concurrents, celle-ci doit néanmoins être nuancée. Même s'il prend en compte des concurrents comme la Corée et plusieurs pays d'Europe centrale et orientale (Peco), l'indicateur des parts de marché relative en volume de la France n'inclut pas certains pays émergents (Chine, Taïwan ou Malaisie, par exemple).

Graphique 2 :
Parts de marché de la France par rapport à 24 pays de l'OCDE (en %)

marche2.gif (8085 octets)

Sources : direction de la Prévision, OCDE - base 1995.


L'émergence de nouveaux concurrents

Or ces pays prennent avec le temps un poids plus important dans le commerce mondial. La Chine s'est ainsi hissée au cinquième rang des puissances commerciales, si l'on considère l'Union européenne comme un ensemble (voir tableau 2). Un hypothétique indicateur de parts de marché en volume calculé sur l'ensemble du monde verrait de ce fait, très certainement, un déclin de la part de marché de la France, et un recul plus accentué de ses partenaires européens.

Une faible érosion des parts de marché françaises, liée à l'émergence de certains pays en développement, est donc sans doute à l'oeuvre.

L'émergence de nouveaux pays dans le commerce mondial est cependant un phénomène bienvenu. Alors que l'on s'interroge sur le creusement des disparités de revenu entre économies au niveau mondial, il montre que certains pays en développement peuvent, en suivant des politiques appropriées, rejoindre le niveau de prospérité des pays industrialisés. Ceux-ci sont aujourd'hui devenus de nouveaux débouchés pour les exportateurs français. Cette émergence a toutefois un impact sur les parts de marché françaises, puisque le développement plus rapide des échanges de ces pays ne peut tendanciellement que réduire l'importance relative des échanges de la France.

Tableau 2 :
Parts dans le commerce mondial (hors commerce intra UE)* des principaux exportateur en 1990 et 1999 (en %)
  1990 1999
Union européenne 21,5 18,9
États-Unis 16,0 16,4
Japon 11,7 9,9
Canada 5,2 5,6
Chine 2,5 4,6
Corée 2,6 3,4
Mexique 1,7 3,2
Taïwan 2,7 2,9
Malaisie 1,2 2,0

* Hongkong et Singapour figureraient dans ce tableau si les réexportations étaient incluses.
Source : OMC.


L'effet d'entraînement géographique

Outre ces effets directs, la croissance plus rapide de certaines économies a également des effets indirects sur les parts de marché d'un pays. Celles-ci dépendent en effet de la dynamique des marchés vers lesquels il exporte ("l'effet d'entraînement") (1).

Ainsi, une économie qui exporte principalement vers des régions à croissance faible voit mécaniquement diminuer sa part de marché mondiale.

Comme le montre le graphique 3, les positions de la France sont surtout fortes sur un nombre réduit de régions du monde (l'Europe qui reçoit près de 70 % des exportations françaises, l'Afrique-Maghreb, le Moyen-Orient), dont la part dans le commerce mondial a régressé sur la décennie 90. Les régions les plus dynamiques ont été l'Asie, malgré la parenthèse de la crise de 1997-1998 (la région se détachait encore plus nettement sur la période antérieure), l'Amérique, voire les Peco depuis le milieu de la décennie.

Le positionnement à l'exportation de la France est apparu en particulier moins favorable que celui de l'Allemagne (qui exporte plus que la France partout, sauf en Afrique), voire de l'Italie (plus présente en Amérique latine et sur les pays d'Europe centrale et orientale), comme le montre le graphique 4.

Comme les zones vers lesquelles la France exporte de façon privilégiée connaissent des échanges moins dynamiques que la moyenne mondiale, la part de marché globale de la France tend à s'éroder. Au sein de l'ensemble des pays en développement, du fait des difficultés du continent africain, le phénomène est particulièrement net : la faiblesse de notre présence industrielle et commerciale sur les marchés émergents d'Asie et d'Amérique latine a provoqué un recul mécanique des parts de marché françaises. Cet effet d'entraînement explique l'essentiel de la baisse des parts de marché de la France sur les pays en développement (voir graphique 5).

De façon plus conjoncturelle, l'effet d'entraînement explique en particulier les soubresauts de la part de marché française en 1997-1999. La faible présence de la France (part de marché de 2 %) avait été un atout durant la crise des pays émergents : la contraction des échanges asiatiques avait affecté de façon limitée les exportations de la France, tout en conduisant à une augmentation marginale de sa part de marché mondiale. La reprise de l'Asie en développement a aujourd'hui l'effet inverse : elle profite avant tout aux pays d'Asie eux-mêmes, au Japon en particulier, ainsi qu'aux États-Unis.

Afin d'éliminer cet effet d'entraînement, il est possible par exemple d'examiner l'évolution des parts de marché élémentaires, c'est-à-dire pays par pays. L'analyse des données nationales fournies par les postes d'expansion économique montrent que la France a, en 1999, préservé ou accru ses parts de marché sur une moitié des principaux acteurs du commerce mondial (voir tableau 3). Mais il est délicat d'interpréter ces données sur une année seulement, en raison des fluctuations engendrées par le prix du pétrole pour les pays importateurs ou encore par les calendriers de livraison d'Airbus.

Graphique 3 :
Parts de marché (en valeur) de la France par zones* (période 1989-1999)

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* En fonction de l'évolution du poids de ces zones dans les importations mondiales.
Note : les parts de marché de la France sont fortes sur les zones où les échanges progressent peu.
Sources : FMI, calculs DREE 5 B.

Graphique 4 :
Parts de marché relatives (en valeur) de la France, de l'Allemagne et de l'Italie en 1998 par rapport aux pays de l'union européenne (en %)

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Sources : Eurostat, calculs DREE 5 B.

Graphique 5 :
Parts de marché de la France sur les pays en développement (en %)

marche5.gif (6943 octets)

Note : l'effet d'entraînement conduit à l'érosion de nos parts de marché sur les pays en développement.
Sources : FMI, calculs DREE 5 B.

L'évolution de la part de marché de la France entre 1998 et 1999 sur les 30 principaux marchés (en %)
  Parts de marché 1998 Parts de marché 1999
États-Unis 2,63 2,53
Allemagne 10,70 10,50
Japon 2,00 2,00
Royaume-Uni 9,20 8,90
Italie 13,20 12,60
Canada 1,63 1,66
Pays-Bas 7,10 6,47
Chine 2,30 2,30
Belgique 13,86 13,52
Luxembourg 12,71 12,02
Hongkong 1,80 1,10
Corée du Sud 1,44 1,52
Mexique 1,14 1,00
Singapour 2,90 2,30
Taïwan 5,10 1,70
Espagne 18,20 18,10
Suède 5,88 5,94
Suisse 11,50 12,50
Russie 3,70 3,90
Malaisie 1,40 1,40
Irlande 3,90 4,10
Autriche 4,91 4,97
Australie 2,20 2,20
Thaïlande 1,90 2,60
Brésil 3,40 4,00
Indonésie 5,40 1,80
Danemark 5,70 5,80
Finlande 4,90 4,20
Arabie Saoudite 4,49 5,22
Norvège 3,92 4,30
Pologne 6,40 7,00
Turquie 6,60 7,70
Inde 1,80 1,90
Portugal 11,20 11,50
Total 30 pays 5,8 5,45
Monde (source : OMC). 5,6 5,3

Source : réseau des PEE d'après sources nationales.


L'effet d'entraînement sectoriel

L'effet d'entraînement géographique se double d'un effet d'entraînement sectoriel. Un pays qui exporte des produits dont la part dans le commerce mondial progresse voit, de façon naturelle, sa part de marché mondial augmenter. Les deux types d'effet d'entraînement peuvent être liés puisque, toutes choses égales par ailleurs, les produits importés de façon privilégiée par une région dynamique verront leur poids augmenter dans le commerce mondial.

Si l'on répartit l'ensemble des produits exportés en trois catégories (secteurs en progression, secteurs stables, secteurs en régression) selon l'évolution annuelle moyenne de leur poids dans le commerce mondial pendant la période 1987-1996 (augmentation de 1% et plus, évolution entre - 1 % et +1 %, baisse de 1 % et plus), on constate que la France est placée de façon satisfaisante : elle vend une majorité de produits en progression, mais elle est un peu moins bien positionnée, par exemple, que certains pays d'Asie les plus dynamiques comme la Chine ou la Malaisie (voir graphique 6).

Si la spécialisation géographique de la France est perfectible, du moins à en juger par les tendances de la dernière décennie, il en est donc de même pour sa spécialisation sectorielle.

Une étude récente du CEPII confirme ce diagnostic (2) : par rapport aux autres pays européens, la spécialisation de la France est certes prononcée dans les nouvelles technologies, appelées à connaître une croissance rapide, mais ce résultat est dû surtout au secteur aéronautique.

Ce constat fait dans l'industrie peut être étendu aux services, dont les échanges progressent un peu plus vite que ceux des marchandises. La position de l'économie française, traditionnellement forte, semble toutefois s'effriter dans ce secteur ; la Grande-Bretagne a en particulier supplanté la France en 1997 comme deuxième exportateur mondial de services (voir graphique 7 et tableau 4).

Graphique 6 :
Positionnement sectoriel à l'exportation en 1997 de la France et des pays d'Asie

marche6.gif (7019 octets)

Sources : Statcan, calculs DREE 5 A.

Graphique 7 :
Parts de marché mondiales ; exportations de services (en %)

marche7.gif (11440 octets)

Sources : OMC, calculs DREE 5 B.

Tableau 4 :
Exportations mondiales de services (en Md$)
  1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999
France 34 36 43 50 53 59 66 70 75 74 75 83 83 80 85 79
Allemagne 26 27 35 41 38 40 52 53 59 57 59 75 79 77 79 77
Royaume-Uni 27 29 35 42 45 45 53 53 60 58 65 75 81 92 99 101
Italie 18 19 23 29 29 31 49 46 58 52 53 61 65 66 67 65
États-Unis 57 60 74 83 97 113 132 147 158 165 181 197 216 235 240 252
Japon 21 21 21 27 35 40 41 43 48 52 57 64 66 68 62 60
Monde 402 414 483 571 600 658 783 827 923 942 1 038 1 188 1 271 1 321 1 320 1 340

Source : OMC.


Les deux défis de la compétitivité

La légère baisse des parts de marché françaises constatée au niveau global depuis dix ans ne reflète pas un problème de compétitivité au sens traditionnel du terme.

Comme le montrent les indicateurs calculés par la direction de la Prévision, la compétitivité-prix de la France par rapport à ses partenaires est stable depuis le début de la décennie, tandis que la compétitivité-coût s'améliore (voir graphique 8).

Comme nous l'avons vu, les effets-prix (variation des cours du brut et des taux de change) ont en fait tendance à biaiser les évolutions des parts de marché en valeur ; ils expliquent pour les deux tiers la diminution de part de marché observée en 1999, et pourraient à eux seuls provoquer une nouvelle baisse significative en 2000. Les effets d'entraînement, qui résultent du positionnement géographique et sectoriel de nos échanges, expliquent, quant à eux, les évolutions résiduelles. Le développement des investissements directs conduit, de façon plus générale, à relativiser la portée des comparaisons de parts de marché (voir encadré).

Cela ne signifie pas que l'appareil exportateur français ne doive pas s'adapter. Si l'on prolonge les tendances de la période 1989-1999, l'effet d'entraînement dû à notre positionnement géographique et aux différences de croissance entre zones pourrait faire baisser la part de marché de la France de 5,3 % en 1999 à 4,9 % en 2009 ; la baisse serait encore plus soutenue si la période 1989-1996 (donc hors crise asiatique) était prise comme référence de l'extrapolation.

L'enjeu pour les entreprises françaises est donc, à l'instar des producteurs américains ou asiatiques dans la dernière décennie, à la fois de se positionner sur des secteurs d'avenir et d'augmenter leur présence sur des marchés étrangers qui disposent d'un fort potentiel de croissance - au travers des exportations ainsi que des investissements directs.

L'économie française est ainsi confrontée à une double "frontière" pour sa compétitivité : celle des nouvelles technologies et celles des pays émergents. L'ensemble du dispositif d'appui au commerce extérieur - appuis financiers, fourniture d'expertises par le réseau des postes d'expansion économique, négociations commerciales - est orienté vers ce double objectif.

Mais il est clair que cette tâche est du ressort de l'ensemble des politiques publiques : aides à la création d'entreprise ; réforme de l'enseignement ; réforme fiscale... toutes les politiques qui contribuent à développer la compétitivité du site France.

Graphique 8 :
Compétitivité de la France par rapport à ses principaux partenaires

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Source : direction de la Prévision.

Parts de marché d'un pays versus part de marché de ses entreprises : le cas des États-Unis

L'essor des flux d'investissements directs amène à relativiser la notion de part de marché d'un pays dans les échanges mondiaux. La part de marché des groupes nationaux peut être un indicateur plus pertinent de l'importance d'une économie : le critère n'est alors plus centré sur le territoire, mais sur les entreprises dont l'actionnariat est contrôlé par des résidents. Le cas des États-Unis, seul pays pour lequel sont disponibles l'ensemble des statistiques nécessaires, permet de l'illustrer.

Il est possible de calculer la part des groupes américains dans les importations d'un pays ou d'une zone.
On définit la part de marché des groupes américains comme la part dans les échanges d'un pays ou d'une zone des firmes américaines ainsi que de l'ensemble des filiales sous contrôle américain majoritaire, qu'elles soient basées aux États-Unis ou à l'étranger (1). La différence entre la part de marché des États-Unis et celle des groupes américains a donc deux origines :

  • la part de marché des États-Unis n'inclut pas les exportations réalisées par les filiales sous contrôle américain majoritaire basées hors des États-Unis (2) ;
  • la part de marché des groupes américains n'inclut pas les exportations réalisées par les filiales des groupes étrangers basées aux États-Unis (3). Selon les zones considérées, la hiérarchie entre les deux parts de marché considérées peut donc varier.

Dans les échanges européens, la part des groupes américains est nettement supérieure à celle des États-Unis.
La part des groupes américains dans les importations européennes (4) (16,6 %, commerce intra-européen inclus) est plus de deux fois supérieure à la part de marché des États-Unis (7,6 %, voir tableau final). Sur le marché du Royaume-Uni, la part de marché des groupes américains est supérieure de 70 % à la part de marché des États-Unis.

Le niveau élevé de la part de marché quand on considère les groupes américains s'explique essentiellement par l'importance des exportations intra-européennes réalisées par les filiales américaines situées en Europe (5). Ces exportations représentent 12,4 % des échanges intra-européens.

Inversement, la part de marché au Canada des groupes américains est inférieure à celle des États-Unis.
La part de marché des groupes américains dans les importations du Canada est de 68 % alors que la part de marché des États-Unis est de 75 %. Contrairement au cas de l'Europe, les exportations vers le Canada réalisées par les filiales américaines basées hors des États-Unis sont moins importantes que les exportations vers le Canada réalisées par les filiales des groupes étrangers basées aux États-Unis.

Globalement, la part dans le commerce mondial des groupes américains (20,5 %) est nettement supérieure à la part de marché mondiale des États-Unis.
Les investissements directs étrangers sortant des États-Unis génèrent donc plus d'exportations au niveau mondial que les investissements directs étrangers entrants aux États-Unis, et ceci pour deux raisons principales :

  • les stocks d'investissements directs étrangers entrant aux États-Unis sont nettement inférieurs aux stocks d'investissements directs étrangers sortant des États-Unis (respectivement 681 Md$ en 1997 pour l'ensemble des secteurs contre 860 Md$, selon la Cnuced) ;
  • en raison de la taille du marché américain, la part des exportations dans les ventes totales est bien inférieure pour les filiales étrangères basées aux États-Unis (11 % dans le secteur manufacturier en 1997) que pour les filiales américaines situées hors des États-Unis (43 %).

L'exemple américain montre qu'une économie ayant fortement investi à l'étranger est, à travers ses groupes, à l'origine d'une fraction du commerce mondial supérieure à ce que suggèrent les parts de marché traditionnelles, en particulier au sein des zones régies par des accords régionaux.

À l'inverse, les zones émergentes sont caractérisées par la supériorité des stocks d'investissements directs étrangers entrants sur les stocks d'investissements directs sortants. Les parts de leurs groupes dans le commerce mondial sont donc inférieures à leurs parts de marché.

Il n'est pas possible de calculer la part des groupes français dans les importations d'un pays ou d'une zone en raison du manque de données. Toutefois, il est probable que la part des groupes français dans le commerce mondial soit du même ordre de grandeur que la part de marché de la France ; inférieure au sein de l'Union européenne (car un tiers de nos exportations est le fait d'entreprises étrangères dont on sait par ailleurs qu'elles exportent essentiellement vers l'Europe (6)), mais plutôt plus importante sur des marchés lointains comme le Mercosur.

Les évolutions récentes (poussée des investissements directs étrangers vers les États-Unis, accroissement des investissements directs réalisés par la France à l'étranger) ont tendance à réduire la part dans le commerce mondial des groupes américains et à accroître celle des groupes français.

 

Part de marché des États-Unis et part de marché des groupes américains (secteur manufacturier en 1997) (en %)
  Part de marché des
États-Unis (1)
Part de marché des groupes
américains (2)
Variation (en %)
entre (2) et (1)
Canada 75,0 67,8 - 9,7
Europe (UE, Norvège, Suisse, Turquie) 7,6 16,6 119,8
Royaume-Uni 13,3 22,7 70,3
Japon 26,6 26,0 - 2,3
Monde 13,8 20,5 48,3

Note : les échanges intra-européens sont compris dans les calculs de part de marché en Europe.
Sources : données Statcan, Bureau of Economic Analysis (US Department of Commerce) ; calculs DREE 5 B.

(1) L'ensemble des données chiffrées concerne (sauf mentions contraires) le secteur manufacturier en 1997. Les filiales américaines considérées sont celles sous contrôle américain majoritaire.
(2) L'analyse porte sur la part des groupes américains dans les importations d'un pays ou d'une zone. On n'étudie donc pas les ventes locales réalisées par les filiales américaines basées à l'étranger mais seulement leurs exportations.
(3) Les données disponibles nous amènent à considérer ici les exportations réalisées par l'ensemble des filiales basées aux États-Unis et détenues au minimum à 10 % par des groupes étrangers.
(4) L'Europe comprend ici l'Union européenne, la Norvège, la Suisse et la Turquie.
(5) 95 % des exportations vers l'Europe des filiales américaines basées hors des États-Unis sont réalisés par les filiales basées en Europe.
(6) Ainsi, les filiales américaines basées en Europe dirigent vers l'Europe 87 % de leurs exportations.

(1) En raisonnant sur des parts de marché en valeur, l'effet d'entraînement incorpore également les effets-prix déjà mentionnés.
(2) L. Fontagné, M. Freudenberg et D. Unal-Kesenci (1999), "Haute technologie et échelles de qualité : de fortes asymétries en Europe", document de travail CEPII, n° 1999-08.


© Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie - Août 2000